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Bonjour et bienvenue chez Naturelle maman !18 mars 2024

Choquant : un bébé de 7 jours arraché à ses parents

L’histoire de Lou et Nausicaa, enfants placés de force par les services sociaux suite à un accouchement non assisté à domicile, met en lumière de nombreux dysfonctionnements autour de l’accompagnement des naissances en France. Espérons que cette situation choquante fasse réagir nos autorités de santé pour améliorer les politiques de périnatalité.

Si vous n’êtes pas encore au courant, il y a en ce moment deux petites filles âgées de 13 jours et 2 ans en pouponnière près de Rennes.

Privées de leurs parents, pour un motif qui fait froid dans le dos.

Ont-elles été frappées ? Séquestrées ? Maltraitées ? Abusées ?

Rien de tout ça.

Elles ont été arrachées à leurs parents par les services sociaux pour cause…

d’accouchement non-assisté à domicile.

Vendredi 3 juin, Noémie Boudier, 22 ans, a choisi de mettre au monde son deuxième enfant, la petite Lou, à son domicile et sans assistance médicale.

C’était son choix, en accord avec son compagnon.

C’était surtout son droit.

Une femme peut accoucher avec qui et où elle veut

C’est un droit fondamental inscrit dans le code civil de 1804. (1)

La loi est parfaitement claire sur ce point.

Et pourtant…

Quand son conjoint Raphaël est allé déclarer la naissance de sa fille à la mairie de Vitré en Bretagne, l’officier d’état civil a refusé de l’enregistrer.

Sous prétexte qu’il n’y avait pas de certificat médical et qu’une déclaration sur l’honneur du père ne suffisait pas.

L’article 56 du Code Civil stipule pourtant que « La naissance de l’enfant sera déclarée par le père, ou, à défaut du père, par les docteurs en médecine ou en chirurgie, sages-femmes, officiers de santé ou autres personnes qui auront assisté à l’accouchement« .

La mairie a finalement accepté d’enregistrer l’acte de naissance, tout en signalant les parents à la PMI.

Par souci de bonne foi, Noémie et Raphaël sont allés à la maternité pour consulter un pédiatre…

Qui, alors que l’examen n’avait rien montré d’inquiétant, les a dénoncés aux services sociaux, sous prétexte que la petite Lou n’avait pris que 10 grammes depuis sa naissance.

On sait pourtant qu’un bébé peut perdre jusqu’à 10 % de son poids dans les jours qui suivent sa naissance.

Et Lou n’avait pas été pesée par un médecin avant cette visite à la maternité.

Sur quoi ce pédiatre s’est-il basé pour alerter les services sociaux ?

Personne ne le sait pour le moment.

Toujours est-il que quelques heures plus tard, on est venu leur retirer la garde de leurs filles, à grands renforts de gendarmerie.

Aujourd’hui, un bébé de 11 jours est privé de ses parents parce qu’ils ont fait le choix de ne pas accoucher à la maternité et de ne pas emmener leur fille consulter un médecin juste après sa naissance.

Où est leur faute exactement ?

Et même s’il y avait une faute, est-ce qu’elle justifierait vraiment de leur retirer la garde de leur enfant ?

Quand on connaît les travaux de Brazelton ou de Winnicott sur les liens d’attachement intenses qui se créent entre une mère et son nouveau-né au cours des premières semaines et qui influencent le reste de sa vie…

Quand on s’imagine cette maman aux seins pleins de lait qui n’est même pas autorisée à le donner à son bébé…

Ni même à toucher ne serait-ce qu’une minute par jour son nouveau-né qui n’a besoin que d’une chose pour bien débuter sa vie, être collé contre ses parents…

Il y a de quoi être révolté.e.s, écoeuré.e.s, infiniment tristes pour ses parents qui n’ont rien fait.

Si ce n’est choisir librement de donner naissance à leur enfant comme ils le souhaitaient.

Si vous souhaitez les soutenir, vous pouvez les suivre et les soutenir sur le compte instagram @reunir_notre_famille ou leur page facebook.

La liberté et la sécurité des femmes plus que jamais remise en question ?

Je dois préciser que je n’ai pas eu l’occasion de discuter avec Noémie et Raphaël.

Je les ai contactés à plusieurs reprises mais je n’ai pas eu de réponse.

Je me base sur les articles de presse qui relayent leur histoire et sur les informations publiées par le collectif La révolte des mères qui les défend.

Mais quoi qu’il se soit passé, jamais un nouveau-né ne devrait être arraché à sa mère aussi brutalement.

Et l’histoire de cette famille n’est pas seulement scandaleuse.

C’est le reflet de la situation catastrophique instaurée par notre système de santé pour accompagner les accouchements :

– Les violences obstétricales, qui étaient déjà franchement inquiétantes, ont explosé pendant la pandémie : conjoint interdit, masque obligatoire, déclenchements abusifs… (2)

– Les sages-femmes qui accompagnent les accouchements à domicile sont victimes d’une véritable chasse aux sorcières et manquent à chaque nouvel accouchement de se faire radier. (3)

– Depuis 2000, 221 maternités ont fermé. Aujourd’hui, 900 000 femmes habitent à plus d’une demi-heure de route d’une maternité. (4) Résultat : pas une semaine se passe sans qu’une femme accouche chez elle sans assistance, sur le bord de la route ou sur le parking d’une maternité.

– Le Collège des obstétriciens de France vient de lancer une alerte sur le risque d’accidents pendant l’accouchement en forte hausse tant les maternités françaises sont en souffrance. Ces dernières semaines, plusieurs établissements ont dû se résoudre à suspendre provisoirement leur activité faute de soignants en nombre suffisant pour assurer la sécurité des patientes. (5)

– La situation est dramatique au point qu’Isabelle Derrendinger, la présidente du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes, a publié une lettre ouverte le 7 juin dernier dans lequel elle alerte sur des  » établissements de santé régulièrement sources de violence et de souffrance pour les femmes mais aussi pour les soignants dont l’exercice n’a que peu de sens, faute de pouvoir assurer leurs missions élémentaires d’accompagnement« . (6)

– Et le marqueur le plus inquiétant : Une étude de l’Inserm parue en mars fait état d’une augmentation de 7% de la mortalité infantile en France depuis 2012. (7)

Comment, au regard de cette situation alarmante, blâmer une famille qui a fait le choix conscient de se passer du corps médical pour accueillir leur enfant ?

Et surtout, jusqu’où faudra-t-il aller pour qu’on nous accorde ENFIN le droit d’accoucher où et comme on le souhaite comme le garantit notre code civil ?

Nos droits les plus fondamentaux sont bafoués

Ce n’est pas parce que je m’efforce de donner une vision positive des naissances que je ne suis pas consciente de cette situation catastrophique et dangereuse pour les femmes, les familles, les bébés.

On sait que la police, la justice et une partie du corps médical sont sexistes.

Il n’y a qu’à voir comment le professeur Emile Daraï, poursuivi par 25 plaignantes pour “viol, touchers vaginaux et rectaux sans consentement, gestes brutaux et actes de maltraitances verbales et psychologiques” (8) a été protégé pendant des années pour comprendre que les femmes ne sont pas correctement suivies et protégées en France.

On sait qu’à tout moment, on peut se faire retirer nos droits.

Droit d’avorter, droit de soigner nos enfants comme on le souhaite, droit d’accoucher à la maison, droit de refuser un acte médical non souhaité pendant la grossesse et/ou l’accouchement, etc.

J’ai été victime à plusieurs reprises de ce système ultra-médicalisé, formaté, liberticide.

J’ai refusé une césarienne et le chef de la maternité a noté dans mon dossier que j’étais irresponsable et que je mettais en danger la vie de mon bébé.

J’ai subi deux épisiotomies non consenties.

Un gynécologue qui venait de m’annoncer une suspicion de macrosomie m’a hurlé de me taire alors que je lui demandais des explications.

On sait qu’en France l’accouchement physiologique et respecté est sans cesse menacé.

On sait tout ça.

Mais jamais on ne l’acceptera.

Battons-nous pour que cette famille soit réunie.

Et battons-nous pour un de nos droits les plus fondamentaux : donner naissance à nos enfants comme on l’entend.
 ­­­­

Anne-Laure Brunelle

NB : L’illustration utilisée en Une a été créée par Hey Minoé en soutien à Raphaël, Noémie, Nausicaa et Lou.­


Sources


(1) https://fr.wikisource.org/wiki/Code_civil_des_Fran%C3%A7ais_1804/Texte_entier

(2) https://www.marieclaire.fr/enquete-nationale-accouchement-covid-19,1349263.asp

(3) https://www.lemonde.fr/economie/article/2013/10/29/l-accouchement-a-domicile-proche-du-trepas_3498228_3234.html

(4) https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/02/01/deux-tiers-des-maternites-ont-ferme-en-france-en-quarante-ans_5250322_4355770.html

(5) https://www.challenges.fr/femmes/maternites-en-danger-la-colere-froide-des-gynecologues-obstetriciens_813148

(6) https://www.ordre-sages-femmes.fr/actualites/lettre-ouverte-les-maternites-ne-veulent-pas-mourir/

(7) https://www.liberation.fr/societe/en-france-laugmentation-du-taux-de-mortalite-infantile-reste-une-triste-realite-20220531_4IH722BNQVBHHBHTOPSQ7GGECM/

(8) https://www.nouvelobs.com/sante/20220510.OBS58231/la-venue-a-un-congres-du-gynecologue-emile-darai-accuse-de-viols-suscite-une-vive-polemique.html

8 Comments

  1. Sonia M. Reply

    Ce petit être qui entre juste dans le monde, ne demandant que le lien avec sa maman. Quel traumatisme moral fait à cette famille alors qu’elle ne demandait rien… Quel choc, quelle immense injustice.

  2. Eric Reply

    c’est à gerber. Quelles sont les nouvelles ? Comment peut-on les soutenir ?
    J’ai vu leur page facebook et instagram mais il n’y a rien depuis le 12 juin.

  3. Lau Reply

    C’est une histoire très choquante mais dont on ne connaît malheureusement pas encore tous les tenants et les aboutissants ? Et est-ce qu’on ne les connaîtra vraiment un jour ou jamais ? Nul ne sait. Ce qui est sur c’est qu’à moins d’un danger immédiat pour leur vie, elles n’auraient jamais dû être arrachées de manière aussi violente à leurs parents, c’est très choquant.

  4. TiteEmeline Reply

    Le système français a vraiment besoin d’évoluer pour certaines choses.. la justice est tellement mal faite ! Il ferait mieux de s’occuper des enfants maltraités qu’un accouchement à domicile.. courage à la famille

  5. Sophie Viéville Reply

    Je n’ai ni Instagram ni fesses de bouc ( seule orthographe qui reflète l’opinion que j’ai de ce réseau…), comment aider ce jeune couple ?
    Merci d’avance.

  6. Gaëlle Reply

    Quelle histoire horrible, j’espère que ces deux petites puces vont retrouver leurs parents au plus vite, ils doivent vivre un cauchemar éveillé tous les quatre.

  7. MD Reply

    Enceinte de 8 mois, j’accouche donc dans 2 mois et j’ai souvent entendu / lu l’état très préoccupant de nos établissements de santé et notamment celui des maternités.
    Je dois dire, que je ne reconnais pas du tout la maternité où je suis suivie. Tout le personnel, des secrétaires aux dames des repas, en passant par les sages-femmes et médecins, est très compétent et à l’écoute des futures / jeunes mamans et papas. C’est une maternité de secteur 1, donc principalement des grossesses et accouchements qui sont sans difficultés ou que très peu.
    J’aimerais simplement dire que, oui il y a des établissements / praticiens qui ont des approches plus que limites mais aussi, il y a tout un pan des professions qui espères et tente de pratiquer leur métier avec le plus de respect possible pour les patients et que ces derniers ne subissent jamais des pratiques abusives.

    1. Anne-Laure Brunelle Post author Reply

      Vous avez entièrement raison et ce n’est d’ailleurs pas du tout ce qui est pointé du doigt dans cet article. J’ai le plus profond respect pour le personnel soignant et tous.tes celles et ceux qui accompagnent les femmes à mettre au monde leurs enfants en les respectant.

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