Est-il normal d’être déçu.e par le sexe de son bébé ? Que faire si c’est ce que vous ressentez ? Si vous avez peur de découvrir le sexe de votre bébé ou que vous avez été déçue ou triste en l’apprenant, je vous donne dans cet article quelques clés pour gérer vos émotions et déculpabiliser.
Vous attendez un bébé avec impatience, vous imaginez déjà son visage, son prénom, sa personnalité…
Et puis, lors de la 2e échographie (entre la 20ème et 24ème semaine de grossesse), vous apprenez le sexe de votre bébé. Et ce n’est pas celui que vous espériez.
Vous ressentez alors un mélange de tristesse, de déception, de culpabilité…
Toute une palette de sentiments qu’on ne s’attend pas DU TOUT à éprouver en attendant un bébé.
Comment gérer cette déception liée à la découverte du sexe de votre bébé ?
Est-ce normal de se sentir ainsi ? Voici quelques pistes pour vous aider si c’est ce que vous ressentez.
Vous n’avez AUCUNE raison de culpabiliser
J’aimerais commencer par partager mon expérience personnelle pour vous aider à déculpabiliser.
J’ai été victime d’abus sexuels pendant mon enfance.
Une des conséquences de ce traumatisme s’est faite ressentir pendant mes trois grossesses.
J’avais très peur d’avoir une fille, par peur de ne pas savoir la protéger de tous ces dangers.
La vie m’a finalement offert une fabuleuse petite fille après deux garçons.
Cela m’a laissé le temps de grandir, de travailler sur mes traumatismes en me faisant aider. Et quand elle est née, toutes mes peurs se sont effacées.
Pourtant, pour en avoir parlé avec beaucoup de femmes autour de moi, je sais que la déception et les projections liées au sexe du bébé restent taboues.
Avec l’explosion des Gender reveal parties, les réseaux sociaux peuvent donner l’impression que tous les futurs parents sont fous de joie à l’annonce du sexe de leur futur enfant.
Mais la vérité est souvent bien différente des larmes de joie et des pluies de confettis roses ou bleues qu’on nous laisse voir.
Il arrive (souvent ?) que la découverte du sexe de son bébé soit une source de tristesse, de déception, voire de dépression lorsque les espérances étaient très fortes.
Cette déception a fait l’objet de plusieurs études intéressantes, comme celle publiée en 2020 dans la revue Medicine Health Care and Philosophy (1) dans laquelle les chercheuses reconnaissent “que la détresse des parents est réelle et nécessite un traitement psychologique. Cette détresse est enracinée dans l’essentialisme de genre, qui peut être abordé à la fois au niveau individuel et sociétal.”
Bien que peu de parents admettent d’avoir ressenti de la déception en apprenant le sexe de leur bébé, il s’agit d’une réaction tout à fait NORMALE et beaucoup plus courante qu’on ne le croit.
C’est ce qu’a vécu Meghan quand elle a appris qu’elle a attendu un deuxième garçon : « Le plus difficile c’est que je sentais que j’attendais une fille. J’ai ressenti un vrai chagrin oui… Mais ce qui m’a aidée, ça a été de me souvenir pourquoi à la base je voulais vraiment un enfant (pour pouponner etc…)«
Héloïse raconte elle aussi sa déception avec beaucoup de franchise : « Je suis enceinte de mon premier et j’ai voulu savoir le sexe. J’étais persuadée d’avoir une fille, je me suis toujours vue avec une fille et comme je pense n’avoir qu’un seul enfant, j’ai du faire le deuil de la fille que je n’aurais pas en apprenant que c’était un garçon. J’ai fait une grosse déprime, courte mais très violente, je ne voulais plus de cette enfant, je voulais qu’il sorte de mon ventre, qu’il disparaisse. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, j’ai fait mon deuil et j’ai accepté le destin. On est capable d’accepter beaucoup de choses. »
Une déception qui a eu des conséquences à long terme pour Maëva : « J’avais déjà un garçon et j’en voulais un autre. Le papa rêvait d’une fille… Mais avoir une fille pour moi c’était terrible car dans ma famille nous sommes toutes en conflit mère-fille et j’ai une très mauvaise image des « duo » mère-fille. Je ne pouvais pas me projeter. J’ai eu beaucoup de mal à accepter ma fille les premiers mois, parce que j’avais peur et que j’étais terriblement angoissée de ne pas savoir l’aimer comme il le fallait etc… Ma fille ressentait tout cela et a fait de l’anorexie. En 5 mois, elle n’avait pris à peine d’un kilo, elle a été hospitalisée une semaine et c’est à la suite de cet hospitalisation qui m’a beaucoup choquée que j’ai pris conscience que j’aimais ma fille plus que tout (enfin égalité avec son frère) et que tout est rentré dans l’ordre. Aujourd’hui j’attends un 3ème et j’espère que ce sera un garçon, je ne veux toujours pas de fille. J’adore ma fille hein mais moi si on m’avait donné le choix j’aurais aimé avoir que des garçons ! »
Frédérique aussi a été déçue au moment de son échographie mais tout a disparu à la naissance de sa fille : « Je sentais que j’étais enceinte d’un garçon, et je voulais un garçon!!! Et puis à l’écho T2, on m’annonce que c’est une fille. Je me suis sentie toute bizarre comme si je ne connaissais plus ce bébé qui était en moi… Ca n’a pas duré longtemps. J’ai bien intégré que j’attendais une fille, le dialogue a repris entre mon bébé et moi, j’ai commencé à regarder les petits vêtements trop mignons, et les petites filles à croquer !!! Et surtout, une fois cette petite boule toute chaude posée sur mon ventre, plus aucun doute, je l’aimais plus que ma propre vie, peu importe que ce soit une fille ou un garçon. »
Alors si le sexe de votre bébé ne correspond pas au rêve que vous vous étiez projeté, sachez que vous n’êtes pas seul.e et que vous pouvez en parler à votre sage-femme qui est habituée et qui vous guidera peut-être vers une consultation chez un des psychologues de la maternité.
Comprendre les causes de votre déception
La première chose à faire est de comprendre pourquoi vous êtes déçu(e) du sexe de votre bébé. Il n’y a pas de réponse universelle, mais il peut y avoir plusieurs facteurs qui entrent en jeu :
Le désir inconscient de réparer votre histoire personnelle. Si vous avez eu une relation difficile avec votre mère ou si comme moi, vous avez vécu un traumatisme pendant votre enfance, vous pouvez avoir envie d’un enfant du sexe opposé pour ne pas reproduire votre histoire, par crainte de reproduire certaines erreurs.
Le désir conscient de réaliser un projet de vie. Si vous avez toujours rêvé d’avoir le fameux « choix du roi », vous pouvez être déçu(e) si vous attendez un enfant du même sexe lors de votre seconde grossesse. Si vous avez des passions ou des activités que vous souhaitez partager avec votre enfant, vous pouvez être déçu(e) si vous pensez qu’il ou elle ne sera pas intéressé(e).
L’influence de l’entourage ou de la société. Certaines cultures accordent une valeur supplémentaire à un sexe par rapport à un autre. Il est possible que vous subissiez des pressions familiales ou culturelles pour avoir un héritier, un petit-fils, une petite-fille, etc. Vous êtes peut-être aussi confronté(e) à des stéréotypes ou des préjugés sur le genre de votre enfant, qui peuvent être positifs ou négatifs.
Quelle que soit la cause de votre déception, il est important de la reconnaître et de l’accepter, sans vous juger ni vous culpabiliser.
Ce n’est pas parce que vous êtes déçu(e) du sexe de votre bébé que vous ne l’aimez pas, ou que vous serez un mauvais parent. C’est simplement que vous avez besoin de faire le deuil de l’enfant idéalisé que vous aviez en tête, pour accueillir celui qui va naître.
La peur de l’inconnu. Ca peut aussi être intimidant d’élever un enfant du sexe opposé. Surtout si on a été élevée dans une famille de filles et qu’on attend un garçon et vice versa. Peut-être avez-vous peur de n’avoir rien en commun ou de ne pas pouvoir comprendre ses besoins ? Pour les couples de même sexe ou les parents célibataires qui élèveront un enfant du sexe opposé, il peut également y avoir des craintes quant à l’éducation d’un enfant sans modèle parental du même sexe.
Que pouvez-vous faire si vous vivez mal l’annonce du sexe de votre bébé ?
Plusieurs études (2, 3) ont établi un lien entre la déception liée au genre et la dépression, il est important de vous autoriser à ressentir et à exprimer vos émotions et si besoin à vous faire aider par un professionnel de santé :
Permettez-vous de ressentir et d’accepter vos émotions sans culpabiliser
La première chose à faire est d’exprimer vos émotions, sans les refouler ni les minimiser. Il est normal de ressentir de la tristesse, de la colère, de la frustration, ou même un sentiment de rejet, face à une situation qui ne correspond pas à vos attentes. Ces émotions sont légitimes et humaines, et elles ne doivent pas être étouffées par la honte ou la peur du regard des autres.
Pour exprimer vos émotions, vous pouvez en parler à votre partenaire ou à un proche. N’hésitez pas à consulter un psychologue, une sage-femme, ou un autre spécialiste, qui pourra vous accompagner dans votre cheminement.
Si vous avez du mal à verbaliser vos émotions, vous pouvez les exprimer par d’autres moyens, comme l’écriture, le dessin, la musique, ou toute autre forme d’art. Cela peut vous permettre de libérer votre ressenti, de prendre du recul, et de vous apaiser.
Pour de nombreuses personnes, la naissance de votre enfant contribuera à atténuer tout sentiment de déception. (Cela peut se produire immédiatement après avoir rencontré votre enfant ou après une courte période, lorsque votre nouveau-né fait partie de votre vie quotidienne.)
Si vous constatez que vos sentiments de déception vous empêchent de créer des liens avec votre bébé, il peut être utile d’en parler à un thérapeute ou à un conseiller. Ils peuvent vous aider à gérer vos sentiments et à réaliser que cela se produit.
Donnez-vous le temps de réfléchir et demandez conseil si vous vous sentez incapable de créer des liens avec votre bébé. Même si votre future famille pourrait être un peu différente de ce qui était initialement prévu, il n’y a aucune raison pour que la joie et l’amour n’en fassent pas partie !
Créer du lien avec bébé
La deuxième chose à faire est de créer du lien avec votre bébé. Il ne s’agit pas de nier ou d’oublier le sexe de votre enfant, mais de le dépasser. Votre bébé n’est pas qu’un garçon ou qu’une fille, c’est un être humain à part entière, qui a besoin de votre amour et de votre attention.
Pour se rapprocher de son bébé, vous pouvez par exemple lui parler, lui chanter des chansons, communiquer avec lui en touchant votre ventre. Vous pouvez aussi observer ses mouvements, ses réactions, ses rythmes, et essayer de les interpréter.
Si cette façon de communiquer vous plaît, vous pouvez aussi faire des séances d’haptonomie avec une sage-femme pour apprendre à entrer en relation avec votre bébé par le toucher. Après la naissance, vous pouvez prolonger ces échanges, en le prenant dans vos bras, en le portant, en le berçant, en le regardant dans les yeux, en lui souriant, etc.
Lui choisir un prénom, une décoration, des vêtements. Pendant la grossesse, vous pouvez aussi préparer l’arrivée de votre bébé, en lui choisissant un prénom, qui vous plaît, qui lui correspond, et qui n’est pas lié à son genre. Vous pouvez aussi décorer sa chambre, en choisissant des couleurs, des motifs, des objets, qui reflètent vos goûts et vos valeurs, et qui ne sont pas forcément stéréotypés.
Faites-vous confiance
La troisième chose à faire est de vous faire confiance, en tant que parent, et en tant que personne. Il n’y a pas de recette miracle pour surmonter la déception liée à l’annonce du sexe de votre bébé, mais il y a votre intuition, votre expérience, votre sensibilité, qui vous guideront vers le bonheur. Vous n’êtes pas parfait(e), vous faites des erreurs, vous avez des doutes, mais vous faites de votre mieux, et c’est ce qui compte.
Et vous ? Avez-vous été déçue ou triste en apprenant le sexe de votre bébé ? Est-ce que ce sentiment s’est vite dissipé ou il vous a fallu du temps ? Avez-vous osé en parler ? Partgez votre expérience avec la communauté des naturelles mamans dans les commentaires ci-dessous !
Anne-Laure Wright
Sources
- Jayarajah C. ‘It’s a girl!’ Is gender disappointment a mental health or sociocultural issue? BJPsych Bull. 2023 Oct 2:1-5. doi: 10.1192/bjb.2023.78. Epub ahead of print. PMID: 37781752.
- Hendl T, Browne TK. Is ‘gender disappointment’ a unique mental illness? Med Health Care Philos. 2020 Jun;23(2):281-294. doi: 10.1007/s11019-019-09933-3. PMID: 31865528.
- Fivush, R., & Buckner, J. P. (2000). Gender, sadness, and depression: The development of emotional focus through gendered discourse. In A. H. Fischer (Ed.), Gender and emotion: Social psychological perspectives (pp. 232–253).
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