Dans ce récit de naissance douce très émouvant, Juliette partage l’histoire de la naissance de son quatrième enfant : un accouchement sans péridurale à la maternité malgré une rare présentation par la face et une connexion profonde avec son corps. À travers ce récit empreint de douceur, d’intuition et de puissance, elle montre qu’une naissance respectée, même hors des normes médicales, est possible à la maternité.
Les temps forts du récit de naissance douce de Juliette
« Tout a commencé un 7 février… Un peu de foi, un peu de lui, un peu de moi… Du duphaston et c’était bon !
Avec plus de précision, tout a commencé un 10 janvier avec un tracking folliculaire. La belle affaire !
Cette fois pas d’infertilité secondaire : entre méthode naturelle, un bon médecin, un bon suivi et un peu de science.
Mais passons, ce n’est pas tant de la grossesse et des 9 mois d’allégresse dont il est question. Mais de la magnifique naissance de mon quatrième enfant.
C’était le 23 octobre. Un matin sobre, sombre et monochrome. A 7h mon papa a débarqué et nous a annoncé que Mamie s’en était allée. Un départ inattendu, précipité.
Le brouillard dehors est venu embrouiller mon corps. Le deuil de ma grand-mère et bientôt le deuil de la grossesse ainsi que la promesse de rencontrer ma 4ème richesse.
J’ai pleuré. Je me suis effondrée. Et j’ai demandé au ciel que bébé reste encore un peu au chaud, bien protégé. J’avais besoin de temps pour encaisser.
J’ai prié pour que mon bébé arrive le 11 Novembre. Ne me demandez pas pourquoi. J’aimais cette date là. Un truc de prof d’histoire, ça doit être ça.
A l’enterrement, je ne pouvais pas aller. Trop loin. Trop de contractions. Cela faisait déjà 4 mois qu’elles rythmaient mes journées. Les enfants et Gandh ont voyagé. A la maison, je suis restée. Sur un écran, j’ai vu l’enterrement. Ils sont revenus. J’étais un peu moins perdue.
Les jours et les nuits se sont enchaînés. Bébé a bien coopéré. Il est resté au chaud.
Et un week-end, j’ai commencé à m’inquiéter. Il bougeait beaucoup moins mon bébé. J’hésitais même à appeler le cabinet. A un décollement des membranes je songeais dans le secret.
Le 10 Novembre au soir, je me suis activée comme une acharnée. Pendant 40 minutes j’ai monté et descendu les escaliers. Avec 45 minutes d’exercices, j’ai enchaîné. Encore quelques photos de mon ventre bien gonflé, pour immortaliser ce si beau trajet. Puis je me suis couchée.
Les prémices du travail
Le lendemain matin je me suis reposée et vers 13h je suis allée marcher. Le long du trottoir. Un pied en haut. Un pied en bas. Tout mon savoir de doula. Gandh ne travaillait pas ce jour-là. Il a ensuite été mis à contribution pour m’aider à sortir bébé de là (Comment ? Je ne le dirai pas!!!).
Et tout s’est enchaîné. La cascade hormonale a débuté. J’ai voulu me coucher pour me reposer mais les contractions ont commencé à bien tirailler. Un peu plus fort. Alors je suis retournée dehors.
2km à pied pour aller chercher à l’école mes aînés. Une fois arrivée, des tensions du milieu du dos au bas des cuisses ont commencé. Cette sensation, je la connais. Je sais.
Pour ne pas trop y penser, nous allons en ville prendre un bon goûter. Mes 3 petits hommes et moi, on se régale.
Sur le retour, j’enregistre les contractions dans une application. Bien vite, elle me recommande de partir à la maternité. Mais je doute. J’attends un signe. Ne pas partir trop tôt. Ne pas partir trop tard.
En rentrant à la maison, je prends un bain pour voir si les contractions s’espacent. Ca ne marche pas.
Par contre bébé me rassurer : il gigote comme jamais ! Le plan est de manger, coucher les enfants et partir tranquillement à la maternité. Mais vers 19h30, j’ai perds du sang. Le signe que j’avais demandé. Il est temps d’y aller.
Après un long pré-travail à la maison, il est temps de partir à la maternité
On appelle la voisine pour faire du baby-sitting. Elle prend du temps à arriver, on a quand même le temps de manger. On l’attend. Tout est prêt. Mais elle traîne… et les contractions s’intensifient.
On colle les enfants devant l’écran. On part à 20h15, laissant les enfants seuls un petit moment.
On est impatients, mais surtout pris par le temps !
On monte vite dans un bus et la voisine appelle pour dire qu’elle est arrivée, et au téléphone elle commence à déblatérer. Moi je contracte, je n’arrive plus à lui parler.
Je commence à rigoler. De rire, les larmes coulent. Sans pouvoir me détendre, l’inconfort augmente. Elle finit par raccrocher et je peux à nouveau me calmer et respirer.
Changement de bus. On y est. Les derniers 300 mètres à pied sont difficiles à effectuer. Je dois m’arrêter, souffler, me balancer…
L’arrivée à la maternité
21h05, nous arrivons enfin à la maternité. J’appuie sur la sonnette des salles de naissance et un rêve se réalise : une arrivée dans le calme et la tranquillité.

Le 11 Novembre est un jour de paix. L’histoire l’a déjà prouvée. Cette naissance serait empreinte de sérénité.
Je suis si heureuse. Je suis une amoureuse de la naissance. Cette expérience si savoureuse. C’est à mon tour d’être la voyageuse. (Oui, c’est aussi pour ça que j’ai une famille nombreuse !)
La sage-femme me fait un monitoring. L’intensité des contractions a augmenté : je suis bel et bien dans le ring ! Elle pose le cathéter. Trois fois. La galère.
Je passe aux toilettes pour faire mes petites affaires. Puis pour un contrôle vaginal, j’ai dû mettre mes fesses à l’air. Heureusement, on a convenu de les limiter au strict minimum nécessaire.
Il était 22h15, mon col est ouvert d’un centimètres.
« Comment ? Seulement ? Vraiment ? Vous allez me garder ou je dois rentrer ? ».
On va me garder car mon premier accouchement par voie basse avait été très rapide.
J’appelle Marie, ma sage-femme chérie qui devait m’accompagner lors de cette nuit (elle ferait office de doula).
« Ça peut encore prendre du temps je lui dis. Dans une heure, je te redis ! «
Ne pas se soucier du chiffre fatidique, me rappeler que mon corps n’est pas une équation mathématiques.
Je laisse les contractions et leur mécanique magique faire leurs actions
Je sais que tout peut aller très vite alors je retourne dans ma bulle. Je suis un funambule. Je reprends le fil. C’est facile. Gandh a mis ma playlist de chansons. Déjà les contractions exigent toute mon attention. J’accueille ces vagues avec passion. Quand elles s’arrêtent, nous dansons.

Souffler ne suffit plus. Je dois vocaliser. Me fondre dans les sensations et m’étirer. Sur la barre de la baignoire. Sur le ballon. Soudain, une forte pression vers le bas s’empare de moi.
Je dois me mettre à 4 pattes. La force des sensations m’épate. Ça a évolué. Je le sais.
La sage-femme de la maternité revient et me demande de me checker. Je lui demande de ne pas ma partager le résultat de son toucher. Je veux rester ancrée, de l’extérieur ne pas me soucier. Je ne sais même pas quelle heure il est.
La contraction suivante est arrivée. Les eaux se sont relâchées. Le liquide était légèrement teinté. A 23h18, la sage-femme appelle mon docteur. Gandh appelle Marie pour lui dire que c’est l’heure.

Je me lève immédiatement du lit. Je supplie pour aller me baigner. C’est là que je veux accoucher. Je me jette vers la sainte baignoire, où je veux accueillir mon bébé.
Il faut attendre que ça se remplisse et je ne peux pas le concevoir.
J’attends à 4 pattes, près de cet abreuvoir, pleine d’espoir.
J’attends les mains agrippées sur le ballon, et j’entends l’eau couler. Je laisse mon corps faire ce qu’il sait, ce qu’il doit.
« Laisser la vie nous traverser pour qu’elle puisse s’incarner », comme Clémence (mon amie et femme de mon gynéco aussi) me l’a si joliment écrit.
Je vocalise plus que jamais. Je rugis, je crie. Et puis ça commence à appuyer.
Le Docteur arrive mais je ne peux pas parler. En décalé, je le salue :
« Bonsoir Ahmad ». Il rigole.
« Juliette, ça va cette position ? »
« Je préfèrerais être dans le bain ! »
« Là, ça ne va plus être possible »
« Gandh, chéri, je sais que je crie, mais tout va bien, il ne faut pas s’inquiéter. Je suis bien. Tout va bien! »
Un chariot arrive. Une infirmière puéricultrice est aussi à mes côtés.
C’est l’heure, je le sais.
La phase de désespérance est passée, et pourtant à aucun moment je n’ai douté
C’est déjà le moment de laisser mon utérus pousser. Marie n’aura pas le temps de m’accompagner. Peu importe, je suis bien entourée.
Je voulais qu’elle soit là pour être la gardienne de mes choix et s’assurer que ce serait une naissance respectée. Tous mes souhaits ont été considérés et écoutés.
Ma bulle a été bien protégée et maintenant que mon docteur était là, je sais que, jusqu’au bout, il s’en assurera.
Plus aucune raison de craindre les protocoles hospitaliers. Mes yeux se sont levés : 23h34.
Est-ce que bébé serait là avant minuit, comme je l’avais demandé et prédit ?
Et puis mon corps a poussé. Impossible de ne pas l’accompagner.
J’ai senti mon bébé et sa descente avec effervescence et reconnaissance.
Avoir le temps de réaliser qu’il arrivait, c’est ce que je voulais. Le dernier accouchement s’était si vite passé, que bébé était arrivé sans même avoir le temps de comprendre ce qui se passait.
Les râles d’une femme en travail. Les contractions en rafale. Bientôt décrocher le Graal. Chaque pause entre les vagues, un moment royal. Je suis en confiance totale.
A aucun moment je me dis que je ne vais pas y arriver. A aucun moment les sensations ont été plus fortes que moi. Je laisse mon corps travailler avec foi. Dans cette puissante incandescente et renversante.
Mon corps est un vaisseau. Il n’ y a rien de plus beau.
« Ton bébé est là »
Je touche mais je ne comprends pas. Je pousse. Je touche encore.
« Juliette, à la prochaine contraction, bloque ta respiration et pousse plus fort ».
Bloquer et pousser je ne veux pas. Je veux préserver mon périnée et continuer à souffler.
J’essaye à nouveau de toucher mon bébé. Il paraît qu’il est là mais vraiment, je ne le sens pas.
« Enlevez le Monitoring s’il vous plaît. »
Dès que la sage-femme le pose sur mon ventre, la pression augmente. Ca me gêne. Je touche encore.
« Juliette, c’est la face de ton bébé. C’est un accouchement par la face. »
Ca y est, je comprends pourquoi ! Pourquoi je ne touche pas ses cheveux au bout de mes doigts.
Pourquoi cette fois les poussées ont mis plus de temps à faire descendre bébé. Pourquoi mon docteur me conseille de bloquer la respiration.
Une présentation par face, normalement ce sont des naissances plutôt compliquées. Mais mon bébé est mon meilleur coéquipier. Et mon corps est fait pour accoucher.
Mon bassin s’écarte. Je donne tout, mais sans bloquer. Il est arrivé. Il est né. 23h51. On était le 11 novembre, comme j’en avais rêvé.

C’est un garçon. Un de plus à ma si belle collection. On a tellement rigolé. Ahmad a déclaré : « c’était tellement dur de garder le secret ». J’étais au sommet.
Sur le lit je me suis allongée. Le placenta s’en est allé avec une traction contrôlée. Marie est entrée. Les tremblements post-accouchement sont arrivés. Trop d’adrénaline. Besoin de reprendre mon souffle et retrouver mes racines.

Bébé est resté attaché à son cordon pendant deux heures, comme je l’avais demandé. J’ai pu le regarder. Le toucher. Deux heures en or. Puis mon mari a pris des ciseaux et a finalement coupé ce cordon. Ça y est, nous sommes séparés.
Je me suis levée et on a mesuré et pesé bébé. J’ai pu y participer, en plein forme, émerveillée devant ses 49cm et 3kg240 de perfection.

De retour en chambre, je me suis douchée. Un accouchement parfait. Un moment rêvé, loin de toute réalité. Déjà ce désir de recommencer. Mais je m’étais promis, on va s’arrêter. Vais-je vraiment y arriver ? Mais maintenant il est temps de profiter de mon tout petit bébé. Mon tant espéré et tant aimé.
La dernière mission, sera celle de lui trouver un prénom. (4 jours supplémentaires seront nécessaires pour résoudre cette affaire!) »
Juliette, doula et maman de 4 enfants – Compte instagram corpoealmadoulagem
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