Anne-Claire, jeune maman de deux enfants de 6 et 1 ans, a choisi d’accoucher de son deuxième bébé à la maison de naissance CALM à Paris, après un premier accouchement traumatisant dans un hôpital parisien. Elle nous raconte pourquoi elle a fait ce choix d’un accouchement physiologique dans une maison de naissance, et comment elle l’a vécu.
“Pour mon premier accouchement, je n’étais pas très informée sur les différences qui existaient entre les maternités. Je cherchais surtout à me soulager du côté pratique en choisissant la maternité la plus près de chez moi qui pourrait assurer mon suivi de grossesse du début à la fin.
La première grosse déception que j’ai eu, c’est quand j’ai compris que je ne serai jamais suivie par la même personne au long de ma grossesse. Je n’étais qu’un dossier qu’on se passait de mains en mains et je n’ai pu établir de lien de confiance avec personne.
Mais cette déception n’est rien comparée au traumatisme que j’ai vécu pendant l’accouchement…
La naissance de notre premier enfant a été extrêmement longue, et je l’ai vécu comme un grand traumatisme. J’ai encore du mal à en parler aujourd’hui sans sentir ma gorge se serrer ou mes larmes monter.
Comme j’étais en dépassement de terme, j’ai été convoquée pour que l’accouchement soit déclenché par perfusion d’ocytocine.
J’ai été admise à 9h du matin, avec obligation d’être à jeun et l’interdiction de manger jusqu’à la fin de l’accouchement…
J’ai d’abord dû attendre quelques heures que le produit fasse effet, puis un gynécologue est arrivé, très pressé et m’a annoncé qu’il allait percer la poche des eaux, sans m’expliquer pourquoi, ni comment. Quelle brutalité !
Je me suis mise à paniquer en découvrant à quel point tout était tellement orchestré, médicalisé, sans que personne ne me demande mon avis ni ne prenne le temps de m’expliquer ce qui se passait…
J’ai réalisé à ce moment là que je ne pouvais plus rien contrôler…
A cause de l’ocytocine qui provoque des contractions très violentes, j’ai été forcée de prendre la péridurale.
À partir du moment où le produit a fait effet, en me paralysant littéralement les jambes, j’ai senti que mon accouchement ne m’appartenait plus.
J’étais clouée au lit, anesthésiée, incapable de ressentir la moindre sensation de mon accouchement, de mon bébé qui descendait…
Encore quelques heures d’attente pendant lesquelles je n’ai vu personne et n’ai reçu ni soutien, ni nourriture puis à 15h, un gynécologue et une sage-femme sont venus m’examiner, m’ont placée sous monitoring, et m’ont annoncé que le cœur de mon bébé commençait à montrer des signes de faiblesse. Si mon col ne se dilatait pas dans les deux heures à venir, ils m’emmèneraient au bloc pour une césarienne.
J’étais paralysée de peur et me suis mise à pleurer, je cherchais des explications sur le déroulement de la césarienne, une oreille attentive, des paroles rassurantes, mais le personnel était débordé. Normal !
Il y avait cinq salles d’accouchement qui étaient toutes occupées et seulement deux sages-femmes et un obstétricien de garde.
A 16h, l’obstétricien de garde est appelé car mon col était dilaté à 9, mais le bébé est mal positionné. Je ne comprends rien et n’ose même plus poser de questions.
10 minutes plus tard, le médecin arrive, m’ordonne sèchement de m’installer les pieds dans les étriers et de pousser…
Me voilà en train de donner naissance à ma fille par voie basse alors qu’on me menaçait de césarienne depuis des heures ! Mais tout est si précipité, douloureux, je comprends que mon bébé va mal.
J’entends les mots que je redoutais : épisiotomie, déchirure, spatules…
Ces images sont si violentes dans mon esprit, il y a une dizaine de personne dans la salle…
Puis mon bébé est là, je hurle, il ne pleure pas, il est bleu et surtout, on ne me le présente pas.
Il est monté au service de néonatologie et là, l’enfer a continué !
L’équipe a agi dans l’urgence, posant une perfusion sur notre bébé, lui prescrivant des antibiotiques, puis le mettant en couveuse.
Je n’ai pas pu l’allaiter les premiers jours
Sur le moment, j’ai perçu ces actes médicaux comme très invasifs, voire agressifs, et j’ai eu du mal à me remettre de ces débuts “volés”, vécus comme un échec malgré l’issue positive de l’événement.
Cette expérience m’a tellement hantée que j’ai fini par consulter une psychologue spécialisée dans la maternité.
Ce travail sur mon expérience m’a guérie, en me permettant de ne pas culpabiliser d’avoir “raté” mon accouchement, et de mieux m’informer et comprendre les différentes options pour accoucher en France.
Sans cette personne, je n’aurais jamais voulu de deuxième enfant.
Finalement, quand je suis tombée à nouveau enceinte, j’ai tout de suite cherché un endroit qui proposerait un encadrement personnalisé, car je ressentais le besoin profond d’être entourée et rassurée par des personnes connues pendant ce moment si intime.
J’ai choisi CALM, du fait de son statut de maison de naissance intrahospitalière, qui est rattachée à la maternité des Bluets et à l’hôpital Armand Trousseau.
J’ai finalement eu beaucoup de chance car mon second accouchement, très rapide, s’est magnifiquement bien passé, c’était le rêve.
Je me suis tellement sentie en confiance avec les merveilleuses sages-femmes qui m’ont soutenue, que j’ai pu réellement me lâcher et me laisser guider par mon instinct presque “animal”.
Ce que je trouve dommage, c’est le fait que ces deux visions de l’accouchement, physiologique et médicale, se côtoient sans vraiment se comprendre.
Ces deux systèmes donnent l’impression d’être en concurrence, alors qu’ils se complètent et que tous les professionnels travaillent dans le même but.
On devrait accorder plus de soin à l’accompagnement des mamans sur ce qu’elles souhaitent pour la naissance de leur enfant, et pour cela, les hôpitaux devraient vraiment s’inspirer des maisons de naissance et du travail remarquable de nombreuses sage-femmes.”
Et vous ? Comment avez-vous vécu la naissance de votre enfant ? Est-ce que vos choix ont été respectés ? Partagez votre expérience avec la communauté des naturelles mamans dans les commentaires ci-dessous.
Anne-Laure Brunelle, Naturelle maman
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site de Naturelle maman ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un gynécologue, une sage-femme ou autre professionnel de la périnatalité, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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