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Bonjour et bienvenue chez Naturelle maman !28 mars 2024
Récit d'accouchement sans péridurale

Kelly « Une naissance rapide et d’une incroyable intensité »

Accoucher sans péridurale à la maternité, c’est le choix qu’a fait Kelly, déjà maman d’un petit garçon. Elle nous raconte cet accouchement particulièrement intense, avec son lot de surprises et de bouleversements.

Quand nous parlons de mon second accouchement avec mon homme aujourd’hui, nous en rions.

Mais sur le moment, nous ne rigolions pas tellement… les évènements se sont passés vite et intensément. 

Déjà, laissez moi vous préciser que nous sommes une famille recomposée.

J’ai un garçon d’une première union qui a 7 ans au moment de la naissance de bébé.

Et mon homme est papa de jumeaux. Deux garçons de 5 ans et demi.

Nous avons chacun été marqués par nos histoires respectives et nous avons bien réfléchi avant de faire ce bébé. 

Mon premier accouchement s’était bien passé. J’étais très sereine.

Mon bébé était arrivé 2 bonnes semaines en avance.

Mais j’ai réalisé en préparant la naissance de mon second enfant que ce premier accouchement avait été très médicalisé, que l’équipe de la maternité où j’ai accouché m’avait incité à prendre la péridurale plus vite que je n’imaginais, me laissant entendre qu’il n’était pas possible pour une primipare d’accoucher sans péridurale.

Je résumerais ça de la façon suivante :

« Je n’ai pas accouché la première fois, on m’a accouché »

Alors cette seconde – et dernière – grossesse, je voulais la vivre pleinement et surtout m’autoriser à vivre ce projet d’accouchement sans péridurale.

Mon homme m’a suivie dans ce projet, lui qui voulait être acteur de cette aventure.

J’avais toute confiance dans le soutien qu’il allait m’apporter.

Et pourtant, cette décision n’était pas sans appréhension de sa part, lui qui avait vécu un accouchement par césarienne pour ses jumeaux.

Rien que la naissance par voie basse de notre enfant était une nouveauté. 

Le terme de la grossesse était prévu le 5 août, mais on nous avait « prédit » l’arrivée de bébé le 28 juillet.

Amusés, nous attendions cette date pour voir…

Le mercredi 28 juillet, je prends mon petit déjeuner avec les jumeaux en gardant cette pensée en tête.

J’avais un petit programme ménager ce jour-là : lancer une lessive, nettoyer la baignoire de bébé et la commode pour ses petites affaires. 

Je me mets à la tâche et vers 11h00 je ressens la première contraction.

Mon ventre se contracte comme d’habitude, mais c’est accompagné d’une sensation nouvelle.

Depuis deux jours, lorsque je faisais mon massage du périnée, j’observais la perte progressive de ce que je suppose être le bouchon muqueux.

Je sentais que ça n’allait plus tarder. 

Je me décide tout de même à faire une pause avant de reprendre mon ménage.

Puis, je prépare le repas de midi et j’en profite pour signaler mes ressentis à mon homme. 

Les contractions se rapprochent.

Je dois absolument accrocher ma lessive, alors mon chéri m’aide et nous rions malgré les sensations qui se font plus intenses. 

On se décide alors à emmener les enfants en garde.

Pendant ce temps, je me détends sous la douche et essaie de me concentrer sur ma respiration.

Une fois mon homme de retour, il appelle la maternité qui souhaite me parler directement.

Quand la sage-femme à l’autre bout du fil entend que je suis obligée de faire une pause pour parler, elle nous dit de venir. 

Entre deux contractions, je descends rapidement les escaliers et file à la voiture. 

Mon chéri met de quoi protéger le siège de la voiture à ma demande après avoir chargé les valises. 

Durant les 25 minutes de trajet, je lui signifie que je ne vais pas pouvoir lui répondre lorsqu’il me parle.

Il me demande de lui serrer le poignet à chaque contraction afin de connaître le temps entre chacune d’elle. 

Nous arrivons à la maternité et même technique, dès que la contraction s’arrête, je file, presque en courant (disons en marchant très vite) jusqu’à l’ascenseur.

A ce moment-là, en arrivant à la maternité, l’auxiliaire me fait remarquer que j’ai encore le sourire. 

On nous installe dans la salle de travail pour un monitoring.

Je suis à l’aise debout et me retrouve allongée sur le dos pour l’examen…

La position n’est vraiment pas confortable. 

Nous entendons notre bébé qui a le hoquet, comme souvent ces derniers temps.

Ensuite, la sage-femme m’examine.

Je fais de mon mieux pour me concentrer sur ma respiration au moment des contractions. 

Et là, ses paroles me contrarient plus qu’elles ne devraient (ce n’est pas de sa faute à elle) :

« Vous êtes ouverte à 2 centimètres. Ah ! Votre poche des eaux est en train de se rompre sous mes doigts. »

Là, à cet instant précis mon mental s’affole.

Je perds le contrôle et tout un tas de pensées se mettent en route telle la roue d’un hamster…

Voici ce que je me dis :

« Quoi ! 2 cm seulement alors que je commence à vraiment ressentir les contractions ? Oh non, maintenant que la poche est rompue je vais avoir hyper mal. » 

Ensuite la sage-femme demande à mon homme d’aller faire l’enregistrement de la chambre à l’accueil.

Me voilà seule, le bras accroché au lit à souffler comme je peux au moment des contractions de plus en plus intenses.

En soufflant je fais un  « aaaah » assez grave qui ressemble déjà plus à un cris de douleur qu’à un son grave censé atténuer celle-ci.

Je ferme les yeux et me concentre, mais le « vous êtes à 2 centimètres » résonne dans ma tête.

Et chaque contraction douloureuse me fait penser « Je ne vais pas y arriver« . 

La sage-femme revient et me propose de me diriger dans la douche pour me soulager.

Une fois que j’y suis, je me mets accroupie.

L’intensité des contractions est concentrée sur le devant de mon ventre, au niveau de l’aisne et du haut de mes cuisses, là où je ressens des douleurs à cause du poids de mon ventre depuis plusieurs semaines.

La chaleur me soulage vraiment.

Je m’accroche si fort au siège de la douche que j’ai l’impression que je vais le décrocher du mur. 

La douleur est de plus en plus insupportable.

J’ai le sentiment de ne pas avoir de répit entre chaque contraction. Je manque d’y laisser mon déjeuner…

Mon homme revient enfin, j’apprendrai plus tard que son absence a duré 20 minutes, qui m’ont parues une éternité.

La sage-femme lui passe le relai pour prendre soin de moi sous la douche.

Et pour bien faire, comme nous nous y étions préparés, il commence à me passer de l’eau dans le dos.

Seulement ce n’est pas là que j’ai mal et je lui crie dessus :

« Nan, devant, devant !!! » et lui arrache le pommeau de douche des mains.

Je suis désormais loin des « aaaah » que je faisais lorsque je respirais, j’en suis plutôt aux cris, je dirais même à des râles.

Là encore, mon mental s’affole :

« Je respire mal, j’essaie de respirer mais tout mon corps est crispé, je n’aide pas à l’ouverture, c’est contre productif. »

Et puis, je me souviens de la « théorie », j’essaie de changer de position car je me dis que je ne tiendrais jamais la longueur accroupie sur la pointe de mes pieds.

Lors d’une seconde de répit, j’essaie de me relever. Impossible.

Je tente de me mettre à 4 pattes, impossible encore.

Ces positions sont trop douloureuses et inconfortables.

Alors dans la précipitation et avant de souffrir à nouveau, je me raccroche au siège de douche et me remet accroupie.

A cet instant mon homme ne comprend pas trop ce que je fais, mais il me laisse faire.

Les contractions deviennent plus fortes encore.

J’ai le sentiment de vider mes poumons de leur air jusqu’à la dernière goutte.

Et qu’à la fin de mon souffle, il y a encore de quoi me faire faire un râle comme dans une poussée.

Je me souviens alors des informations de la préparation, « un râle primaire, presque animal ».

Seulement dans ma tête c’est la panique totale, je souffre le martyre et j’étais à 2 il y a quelques minutes, cette information tourne en boucle.

Et là je n’ai qu’une envie, que cette douleur s’arrête.

Je sens que je ne pourrais jamais tenir encore 4 heures (mon aîné étant né en 9 heures, je tablais sur cette durée).

Et je commence à supplier mon homme de prendre la péridurale.

La sage-femme me propose de prendre le masque de gaz hilarant avant d’en arriver là, afin de réussir mon projet de naissance.

Mon homme me parle de la phase de désespérance, me rappelle pourquoi je ne voulais pas la prendre.

Je le sais au fond de moi, mais je me sens à bout et je supplie, je supplie.

Alors il finit par informer la sage-femme que je prends la péridurale. 

Toujours les yeux fermés, centré à l’intérieur de moi et sur ma douleur, je commence à cogiter :

« Le temps que l’anesthésiste arrive, qu’on m’installe et tout, j’en ai bien encore pour 30 minutes de souffrance, ça va être un vrai calvaire…« 

C’est pour ça que je ne veux même pas essayer le gaz hilarant.

J’ai l’impression d’être déjà au bout de moi-même et du supportable.

Je me sens dans l’abandon de mon projet, mais je veux juste que ça s’arrête. 

Dans la douche, je ressens déjà que ça pousse, mais je n’imagine pas une seconde que ça puisse être mon bébé car dans ma tête « je suis à 2 cm ».

On m’informe que pour me mettre la péridurale on doit m’emmener en salle de naissance.

Qu’il faut profiter de bouger entre deux contractions.

Elles sont si rapprochées que je vois ça comme une nouvelle épreuve. 

On me lève, je suis nue. On me recouvre d’un drap.

A droite, mon homme me tient et à gauche l’auxiliaire me soutient comme elle peut en tenant le drap (elle est plus petite et menue que moi).

Il ne faut pas se leurrer, c’est mon homme qui maintient tout mon poids !

Et je suis un vrai poids mort… je suis incapable de faire un pas devant l’autre.

Je crois qu’on peut littéralement dire qu’ils m’ont traînée jusqu’en salle de naissance et le chemin nous a semblé long à tous ! 

Et je m’entends crier / râler dans le couloir.

Je me dis même « s’il y a d’autres femmes dans les salles de naissance, je vais les refroidir« . 

Toujours les yeux fermés, je les entrouvre à l’entrée dans la salle d’accouchement.

Une fois devant la table je me dis : « Il faut que je me hisse. »

Et là, je me jette dessus comme je peux.

J’apprendrai plus tard que seule la moitié de mon corps était arrivée à destination, mon homme maintenait comme il pouvait l’autre partie (ah ah ^^’). 

Je les sens me repositionner comme ils peuvent, je trouve une position confortable sur le côté gauche, la jambe droite en l’air et je me mets à la tenir.

La sage-femme me demande si je l’entends.

Oui, je l’entends, mais je suis tellement à l’intérieur de moi que je ne parviens pas à répondre.

Elle finit par me demander pour la troisième fois si ça pousse et je finis par hocher la tête pour dire « oui ».

Une fois la jambe droite maintenue sur l’étrier elle me dit que mon bébé est là, et que je dois pousser car il n’est pas bien, sinon elle devra appeler le médecin. 

Alors là, je m’accroche autour du cou de mon homme comme pour lui faire un câlin et je pousse et repousse.

Je suis attentive aux sensations, à un moment je ressens un petit quelque chose de différent et me demande si c’est ça le « cercle de feu ».

Mais je sens que pousser est libérateur.

Au bout de 3 ou 4 poussées, bébé est là et c’est une vraie délivrance. 

Oui, la poussée aura été pour moi bien moins pénible que les contractions et tellement libérateur. 

On nous passe notre bébé entre mes jambes mais le cordon ombilical est court.

On s’aperçoit qu’il est très gêné lorsqu’il essaie de respirer, alors pas le choix, la sage-femme l’emmène pour aspirer le liquide qui est resté coincé.

Papa a coupé le cordon (qui ne battait plus). 

Il se demandait s’il serait capable de récupérer notre fils à la sortie.

Il n’en n’aura pas eu l’occasion vu que j’étais agrippée à lui (il a eu mal à la nuque pendant un moment le pauvre). 

Rien ne s’est passé comme nous l’avions imaginé.

Ma Playlist et les huiles de massages sont restés dans mon sac.

Je n’aurais pas eu le loisir de m’asseoir sur la chaise d’accouchement.

Mon homme aura été à la hauteur de mes espérances: le soutien indéfectible que j’imaginais et il aura su garder son sang-froid.

Et vu mon état, ça mérite d’être salué !

Voilà, notre beau garçon de 3,8 kilos et 51 cm est là. Il s’appelle Edwar.

J’ai réussi, mais j’ai juste l’impression que c’est un gros coup de chance.

Si je n’avais pas demandé la péridurale, notre fils serait certainement né sous la douche !

En fait, j’ai accouché en 45 minutes.

Mon col de l’utérus s’est ouvert très rapidement, c’est pour cette raison que j’ai tant souffert.

Et ma fixation sur le « vous êtes à 2 » ne m’a pas aidée…

Mon mental était beaucoup trop présent et dans l’analyse de tout ce qu’il se passait. 

Le pire dans tout ça, c’est que je me voyais monter dans ma chambre debout, mon bébé dans les bras.

Mais non, mon corps en a décidé autrement.

En effet, le travail s’étant arrêté avec la sortie de mon fils, je n’avais plus aucune contraction ensuite, le placenta ne voulait pas sortir. Il était bien solidement encore accroché.

Alors ils ont dû me faire une anesthésie, une rachie, pour aller le chercher et il n’a pas été simple à décoller. 

J’avais préservé mon périnée, seulement un mini point, « plus une griffure » m’a dit la sage-femme.

Mais l’intervention pour enlever le placenta a fait plus de mal et on m’a prévenue, insistant bien sur l’importance de la rééducation.

Je le ressens en post-partum avec de petites fuites quand j’éternue si ma vessie est pleine… Vivement ma rééducation ! 

Voilà, ce n’est pas un récit « magique », ça n’avait rien à voir avec ce que nous avions imaginé, beaucoup plus de cris et d’une intensité que je ne m’imaginais pas.

La sage-femme avait d’ailleurs beau me dire « accompagnez votre bébé », je ne ressentais que la douleur, je ne sentais pas mon bébé descendre, mais il était déjà tellement bas initialement. 

Ça aura été une sacrée aventure, notre aventure à tous les trois.

Même si j’ai abandonné à un moment donné, j’ai pu mener à bout mon projet. 

Aujourd’hui nous rions de bien des moments avec mon homme quand nous évoquons ce souvenir, ça c’est magique. 

C’était mon deuxième et dernier bébé.

Je peux juste dire que bien des choses ont changé en sept ans entre la naissance de mon aîné et d’Edwar.

A tel point que j’ai été assez déstabilisée par certaines nouvelles façons de faire et j’ai très peu dormi suite à la naissance, ça pourrait presque faire l’objet d’un autre récit. 

Je tiens également à exprimer tout mon respect à l’équipe sage-femme / auxiliaire qui était là ce jour là.

A elles deux, elles géraient la boutique : les accouchements, les rendez-vous.

Et avec une « patiente » comme moi qui hurlait, franchement ça ne doit pas être simple.

Et pourtant on a continué à m’encourager à tenir mon projet et la sage femme était là pour me tenir la main au moment de l’enlèvement du placenta.

Sincèrement, respect ! 

Kelly

5 Comments

  1. Marianne Reply

    J’en ai les larmes aux yeux, c’est tellement beau et intense, et ça donne beaucoup d’espoir pour les familles recomposées dont je fais partie, merci Kelly pour ce très beau témoignage.

  2. M. Laurette Reply

    Ma date de terme prévu est le 27 novembre et je dévore tous les récits d’accouchement de votre site. Ça donne une vision très positive de l’accouchement, merci à toutes ces femmes qui ont pris le temps de raconter leur accouchement et bravo à Kelly et à son mari pour leur belle complicité, c’est beau à voir !

  3. Nonnala Reply

    quel beau témoignage, je rêve de vivre un accouchement comme le vôtre et ça me fait du bien de vous lire parce que depuis le début de ma grossesse je n’entends que des histoires où ça s’est mal passé à la maternité et je me suis mise en tête que ca ne pourrait pas bien se passer à l’hôpital alors que ça là où j’ai envie d’accoucher parce que je m’y sens en sécurité.

  4. Rosae Reply

    Je suis la seule à trouver que la sage-femme n’a rien géré du tout ? Heureusement que vous vous êtes dérouillés tous les deux et que vous étiez super soudés parce que franchement elle aurait pu tout gâcher et avait l’air Total dépassée !!

  5. Marine Reply

    C’est un beau témoignage qui prouve que tout est possible ! Et moi qui me disait que je n’y arriverai jamais après ma séparation et deux FIV, je suis à nouveau enceinte, amoureuse et le témoignage de Kelly me donne envie de croire à ma bonne étoile pour un bel accouchement sans péri

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