Que vous souhaitiez vivre un accouchement avec ou sans péridurale, avec une sage-femme ou un gynécologue, dans l’eau ou sur une table d’accouchement, mieux vaut être bien préparée pour vous donner toutes les chances d’accoucher comme vous le souhaitez. L’important est d’être bien informée pour connaître vos droits, mais aussi tous les pouvoirs qui sont en vous pour donner naissance à votre bébé.
Comme vous l’avez vu dans la première partie de cette série d’articles sur l’accouchement physiologique, les femmes qui veulent vivre un accouchement sans péridurale en France n’ont, la grande majorité du temps, pas d’autre choix que d’accoucher dans une maternité.
Et même si de plus en plus de mesures sont prises pour accompagner les accouchements physiologiques, avec notamment l’ouverture de neuf maisons de naissance et de salles nature dans de nombreux hôpitaux, les femmes enceintes accoucher sans péridurale doivent quand même s’attendre à rencontrer des résistances ou des réactions négatives de la part de certains soignants.
Ce que j’aurais fait si j’avais été mieux informée lors de mon premier accouchement
Si j’avais été mieux informée lors de mon premier accouchement, j’aurais eu le courage de demander à bénéficier de tout ce qui était mis en place pour soulager la douleur, et que personne ne m’a proposé : prendre un bain, bénéficier d’un massage, marcher dans les couloirs, bouger sur un ballon de gymnastique…
Au lieu de ça, je me suis retrouvée démunie et seule tout au long du travail, ne comprenant pas pourquoi personne ne venait jamais me voir pour me soutenir et m’accompagner.
Si j’avais été mieux informée lors de mon deuxième accouchement, j’aurais pu tenir tête à la sage-femme qui m’a imposé une épisiotomie de “prévention”.
Elle m’a affirmé que c’était obligatoire pour éviter une déchirure à l’endroit de ma première épisiotomie.
Je me retrouve maintenant avec deux grosses cicatrices au niveau du périnée, alors que de nombreuses études prouvent aujourd’hui que les épisiotomies sont inutiles, voire dangereuses…(1)
Mes 6 conseils pour vous préparer à vivre un bel accouchement
Pour que vous soyez mieux « préparées” que je ne l’ai été, voici mes conseils pour vous aider à tout mettre en œuvre pour que vous viviez un accouchement selon vos souhaits, et non selon le protocole médical de votre hôpital :
1/ Préparez-vous à des réactions négatives
Cela peut sembler dur, mais il est préférable que vous soyez préparée à devoir affirmer vos choix si vous voulez un accouchement naturel à l’hôpital.
La plupart des hôpitaux sont plus habitués aux interventions médicales qu’à laisser faire la nature…
Comme je vous en ai déjà parlé dans mon article sur les effets secondaires de la péridurale, une intervention comme une injection d’ocytocine de synthèse pour provoquer des contractions très douloureuses qui conduiront à la pose d’une péridurale, qui peut éventuellement vous conduire à une césarienne…
C’est un phénomène courant qui possède même un nom : les interventions en cascade.
Plus de la moitié des femmes françaises ayant une grossesse à bas risque ont au moins une intervention pendant leur accouchement (déclenchement, épisiotomie, forceps, césarienne) (2).
Pourtant, dans 85 % des cas (proportion d’accouchements dits physiologiques, “normaux”), avec le soutien continu de votre conjoint, d’infirmières dévouées, d’une accompagnante à la naissance ou d’une sage-femme, les interventions sont souvent inutiles et parfois nuisibles au bon déroulement de votre accouchement et au bien-être à moyen et à long terme de la maman et du bébé.
Si vous avez envie de vivre un accouchement physiologique dans un hôpital, votre mission va consister à vous instruire, à apprendre à dire ce que vous souhaitez et à obtenir le soutien que vous méritez !
2/ Commencez par rédiger un projet de naissance
La rédaction d’un projet de naissance est un excellent moyen de vous familiariser avec ce que vous désirez pour votre accouchement.
Vous allez aussi pouvoir envisager quels choix vous aurez si tout ne se passe pas comme prévu pendant votre accouchement.
Un projet de naissance va aussi aider l’équipe qui s’occupera de votre accouchement.
Ils comprendront rapidement ce que vous souhaitez et vous n’aurez pas à tout réexpliquer le jour J, quand vous ne serez plus forcément dans votre état normal !
Comment le préparer ?
Vous pouvez profiter de l’entretien du 4ème mois de grossesse pour commencer à vous poser toutes ces questions.
Cette rencontre vous est proposée par votre sage-femme ou votre médecin pour vous permettre de poser librement toutes vos questions sur le suivi de la grossesse, la préparation à la naissance, l’accouchement, l’allaitement, l’accueil et les soins du nouveau-né, les suites de couches…
Que faut-il mettre dans votre projet de naissance ?
En vous informant bien en amont de votre accouchement, cet entretien va vous permettre de vous poser des questions importantes, dont en voici quelques exemples (je vous en parle bien plus en détails dans cet article) :
– Qui va suivre ma grossesse ?
– Quel lieu me convient pour accoucher ?
– Quelles conditions de naissance possibles ?
– Quelles conditions d’accueil pour mon bébé ?
– Est-ce que je souhaite allaiter ? Donner une tétée d’accueil ?
En répondant à ces questions, vous pourrez dégager les points importants qui apparaîtront dans votre projet de naissance.
La péridurale, le monitoring, l’épisiotomie, les positions d’accouchement, la perfusion, le peau à peau, l’allaitement… sont les côtés généralement abordés dans les projets de naissance.
Malheureusement, certains hôpitaux ne prennent toujours pas ces plans de naissance au sérieux. Pour mettre toutes les chances de votre côté pour qu’il soit pris en compte, rédigez-le de façon synthétique et contentez-vous d’une page.
3/ Entourez-vous de défenseurs de l’accouchement physiologique
Commencez par faire un tour sur les forums en ligne de votre région. Grâce aux avis d’autres mamans expérimentées, vous aurez de nombreuses cartes en main pour planifier votre accouchement physiologique à l’hôpital.
Si vous ne trouvez pas votre bonheur sur internet, vous pouvez aussi vous renseigner auprès des associations locales en faveur de la naissance naturelle, dont vous trouverez la liste complète ici :
http://naissance.asso.fr/wiki/pmwiki.php?n=Portail.Associations
Ces associations, souvent créées par des sages-femmes ou des parents, ont pour objectif d’informer et d’échanger sur les thèmes de la préparation à la naissance, l’accouchement, la parentalité, le maternage, le portage…
En les contactant, vous pourrez être invités à des ateliers pratiques (portage physiologique, massage bébé, allaitement), à des moments d’échange entre parents et à des conférences de professionnels de la santé autour de la naissance naturelle.
4/ Lisez, lisez, lisez…
Pour ne pas vous ruiner ou vous noyer sous un flot d’informations, je n’ai choisi que les livres et les sites internet les plus pertinents qui m’ont réellement servis pour mes accouchements. Ils vous seront très utiles pour connaître tous les choix et méthodes qui s’offrent à vous pour que votre accouchement se passe comme vous l’avez désiré.
3 super livres pour vous préparer à vivre un bel accouchement
- Frédérick Leboyer “pour une naissance sans violence”
- Bernadette de Gasquet, “Accouchement, la méthode de Gasquet”
- Ina May Gaskin, “Le guide de l’accouchement naturel, retrouver le pouvoir de son corps”
Quelques bons sites internet d’information
- CIANE, Collectif Inter-associatif Autour de la Naissance : http://ciane.net/
- Portail Naissance : indexe les ressources (sites et associations) permettant aux futurs parents de se documenter et de prendre des décisions éclairées quant aux modalités d’accueil de leur bébé :
http://naissance.asso.fr/wiki/pmwiki.php?n=Portail.PortailNaissance - AFAR, Alliance Francophone pour l’accouchement respecté : http://afar.info/
- APAAD, Association professionnelle pour l’accompagnement de l’accouchement à domicile : https://www.apaad.fr/
- Césarine : https://www.cesarine.org/
5/ Trouvez un bon cours de préparation à l’accouchement physiologique
Même si les cours de préparation à l’accouchement ne commencent qu’au 7ème mois, commencez à réfléchir au plus vite à la méthode qui vous convient le mieux.
Commencez par vous renseigner auprès de l’hôpital où vous allez accoucher en leur posant ces questions :
✅ Combien de méthodes de préparation à l’accouchement différentes proposent-ils ?
✅ Est-ce qu’il faut s’inscrire longtemps à l’avance ?
✅ Est-ce que certaines préparations sont plus adaptées à un accouchement naturel ?
Si vous vous rendez vite compte qu’aucun des cours de préparation à l’accouchement n’est adapté à votre projet de naissance, demandez à être orientée vers des sages-femmes qui pratiquent à l’hôpital mais aussi en libéral.
Les avantages de la préparation globale
Je ne vous conseillerai pas une méthode plutôt qu’une autre car il en existe de très nombreuses et chacune est adaptée à un type de personne : haptonomie, chant prénatal, hypnonaissance, sophrologie, yoga prénatal, préparation en piscine…
Pour ma part, j’ai opté pour mes trois grossesses pour un cours de préparation à l’accouchement physiologique, dispensé par une sage-femme de la maternité dans laquelle j’accouchais, dans son cabinet privé.
C’est une préparation globale, souvent dispensée pour des petits groupes de trois à quatre femmes enceintes, qui aborde l’ensemble des techniques pour accoucher sans péridurale : positions physiologiques, techniques de respiration, place du papa, accueil du bébé, allaitement…
Les préparations à l’accouchement classiques, qu’on vous proposera dans la majorité des maternités, sont souvent dispensées pour de plus grands groupes.
Ils sont donc moins personnalisés et n’abordent pas en profondeur les moyens d’accompagner et de favoriser un accouchement physiologique.
En plus de vous sentir parfois « anonyme » et insatisfaite, vous aurez aussi moins de chance de rencontrer d’autres mamans et futures mamans qui souhaitent vivre, comme vous, un accouchement humain et respecté.
Je vous invite aussi à suivre le programme Naissance douce que nous avons créé avec une sage-femme qui pratique l’accompagnement global des naissances depuis plus de 25 ans.
C’est un programme à suivre entièrement en ligne et à votre rythme pour vous donner tous les repères et conseils dont vous avez besoin pour vivre un bel accouchement, qu’il soit prévu à la maternité, en maison de naissance, en plateau technique ou à la maison.
6/ Choisissez un vrai soutien pour votre accouchement :
Cette condition est certainement la plus importante de toutes.
De nombreuses études ont prouvé qu’un accouchement se passait beaucoup mieux si la maman bénéficiait d’un soutien en continu.
La plus connue d’entre elles, mais aussi la plus récente, est celle du docteur Hodnett (3), publiée dans la bible des gynécologues-obstétriciens La Cochrane.
Vous pouvez la consulter ici : http://www.cochrane.org/fr/CD003766/soutien-continu-aux-femmes-pendant-laccouchement
Si vous accouchez dans une maternité, ne comptez pas sur votre sage-femme pour vous apporter ce soutien.
En plus de leur travail administratif qui est lourd, les sages-femmes ont bien souvent 3 à 5 accouchements à gérer en même temps…
Si votre mari est partant, qu’il en a envie, et que vous avez besoin de sa présence à vos côtés, il peut être votre soutien principal.
Mais pour cela, je vous conseille de suivre une préparation à l’accouchement en couple, afin qu’il apprenne tous les gestes qui pourront vous soulager : massage du dos, pressions du bassin, soutien avec ses bras…
La présence du papa pendant l’accouchement n’est pas obligatoire
Pas de pression pour autant !
La présence de votre partenaire n’est pas du tout une obligation.
Selon Michel Odent, la présence du père à l’accouchement, surtout s’il est stressé et peu préparé à la naissance, peut même rendre l’accouchement plus longue et difficile.
En effet, on sait que l’hormone qui agit pour déclencher et faciliter l’accouchement est l’ocytocine.
Or, l’adrénaline, hormone sécrétée en situation de stress, de peur, bloque la sécrétion d’ocytocine.
Donc si votre partenaire est angoissé, ou s’il ne supporte pas la vue d’une aiguille ou d’une goutte de sang, sa présence n’est peut-être pas idéale pour vous.
Si vous êtes dans ce cas de figure, pourquoi ne pas choisir une personne ressource – maman, sœur, amie, doula…- pour vous accompagner en douceur et dans la confiance ?
L’important est que vous puissiez vous créer une bulle d’intimité grâce à une personne de confiance.
Dans l’étude du docteur Hodnett, les résultats montrent que les femmes qui en ont bénéficié ont eu :
– moins de médicaments pour soulager la douleur et moins de péridurale ;
– moins de forceps et de ventouses ;
– moins de césariennes ;
– une plus grande satisfaction du vécu de leur accouchement.
Et les chercheurs en ont conclu que :
« Le soutien continu pendant l’accouchement doit être la norme et non l’exception. On doit le proposer à toutes les femmes et leur permettre de compter sur l’appui des personnes qu’elles choisissent pendant leur accouchement« .
A vous de jouer ! En commençant au plus vite à être actrice de votre grossesse et en cherchant les meilleures solutions qui s’offrent à vous pour vivre un accouchement qui vous ressemble.
Et vous ? Avez-vous été satisfaite ou frustrée de l’accompagnement des soignants pendant votre grossesse ? Quels conseils aimeriez-vous donner aux futures mamans qui souhaitent accoucher de façon naturelle à l’hôpital ? Partagez votre expérience avec nous dans les commentaires ci-dessous !
Anne-Laure Brunelle
Photo en Une : Charlotte Chambert, jeune maman de 28 ans, qui vient d’accoucher dans la salle nature de la clinique Saint-Jean de Languedoc en Midi-Pyrénées. © Midi Libre.
Sources
(1) Alliance Française pour l’accouchement respecté : http://afar.info/wp/docs/episio-compil1.pdf
(2) DREES, “Satisfaction des usagères des maternités à l’égard du suivi de grossesse et du déroulement de l’accouchement”, 2008. Trouvé sur : http://drees.social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/er660.pdf
(3) http://www.cochrane.org/fr/CD003766/soutien-continu-aux-femmes-pendant-laccouchement
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site de Naturelle maman ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un gynécologue, une sage-femme ou autre professionnel de la périnatalité, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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