L’échographie est un passage « obligatoire » au cours de la grossesse. Mais combien faut-il vraiment en faire ? Quels avantages et inconvénients comportent cet examen de routine pendant la grossesse ? Quel type d’échographie éviter à tout prix ? Voici tout ce que vous devez savoir avant votre prochain rendez-vous à la maternité.Comment j’ai commencé mes recherches sur les échographies
Comme je vous le raconte dans mon article sur les effets secondaires de la péridurale, mes grossesses m’ont permis de comprendre que ce n’était jamais une bonne idée de se soumettre à un examen médical sans comprendre exactement dans quoi je mettais les pieds.
Même si en France, il y a trois échographies obligatoires (1) et que les professionnels de la santé affirment que c’est un examen sans danger, je me suis toujours demandé si c’était aussi inoffensif et banal qu’ils le prétendaient.
C’est lors de ma dernière grossesse que j’ai commencé à avoir des doutes sur l’absence de risques des échographies.
Comme j’ai vécu des complications (que je raconte dans un article sur ma grossesse alitée), j’étais convoquée à l’hôpital toutes les trois semaines pour des échographies de contrôle.
L’examen est devenu une vraie routine et j’ai pu me concentrer sur les effets que cela avait sur mon bébé.
J’ai observé qu’à chaque fois, ma fille se cachait le visage avec ses mains et se recroquevillait sur elle-même, de sorte qu’on ne pouvait jamais voir sa petite tête.
Pourquoi mon bébé semblait si dérangé par les échographies ? Mon intuition me disait que cet examen n’était peut-être pas si inoffensif que ça et que ce n’était peut-être pas bon d’en faire si souvent…
Après l’échographie particulièrement longue du 5ème mois pendant laquelle le médecin a vérifié tous les organes de mon bébé un à un pendant plus de ¾ d’heure, je suis rentrée à la maison bien déterminée à découvrir la vérité sur les risques potentiels et les bénéfices des échographies.
En me plongeant dans mes recherches, j’ai d’abord découvert que bien qu’on ait toutes l’impression que l’échographie soit pratiquée depuis toujours – tellement elle est devenu banale – cet examen n’a en fait pas plus de 50 ans. Est-ce vraiment un délai suffisant pour en mesurer tous les risques ?
L’étrange histoire de l’échographie
Les premières recherches sur l’échographie n’étaient pas médicales. Elles avaient pour but de détecter les sous-marins pendant la Première Guerre mondiale (2).
Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale, en 1955, qu’un gynécologue britannique, Ian Donald, a commencé à expérimenter cette technique à des fins médicales.
En utilisant des biftecks comme témoins, il a examiné les tumeurs abdominales qu’il avait retiré de ses patientes et a constaté que les différents tissus réagissaient différemment aux ondes sonores.
C’est lui, aidé d’un ingénieur, qui a inventé le premier échographe et réalisé les premiers examens obstétriques dans des baignoires !
Il a ensuite fallu attendre 1975 pour que les premières échographies apparaissent en France, mais la technologie était encore très coûteuse et pas assez fiable pour que les gynécologues souhaitent la pratiquer en nombre.
Ce n’est que dans les années 1990 – avec l’avancée spectaculaire des nouvelles technologies – que la pratique de l’échographie s’est généralisée, jusqu’à devenir aujourd’hui une pratique courante, voire banalisée.
Maintenant que nous savons mieux pourquoi cette pratique est si récente, penchons nous sur tous les bénéfices qu’elle nous a apporté.
Les avantages de l’échographie
Une de mes amies a découvert que son bébé avait un seul rein pendant son échographie du 5ème mois. Grâce à ce dépistage très précoce, il a pu être opéré dès sa naissance et les médecins lui ont évité de nombreuses années d’opérations et de suivi médical… Je suis donc persuadée que l’échographie comporte de nombreux avantages.
En France, l’échographie permet de dépister environ 70 à 80% des malformations (3), certaines avec plus de succès que d’autres. 95% dans les cas de spina-bifida (développement incomplet de la colonne vertébrale), environ 80% des trisomies et 50% des malformations des membres.
Parmi les avantages les plus importants apportés aux femmes enceintes, le collège français d’échographie fœtale liste (4) :
Les avantages de l’échographie du premier trimestre
– Cet examen permet de dépister des malformations majeures d’expression précoce et d’orienter vers le dépistage d’anomalies chromosomiques ou de malformations à expression plus tardive (clarté nucale) ;
– Il précise la date de fécondation, dans les cas relativement fréquents où il existe une incertitude sur le calendrier menstruel ;
– Il réduit la fréquence des interventions en cas de dépassement de terme ;
– Il permet de reconnaître les grossesses multiples pour leur assurer un suivi spécifique.
Les avantages de l’échographie du deuxième trimestre
Elle permet de dépister environ 60 % des malformations les plus graves, pour lesquelles une interruption médicale de grossesse peut être réalisée à la demande des parents.
C’est l’échographie la plus longue et la plus importante. Pendant environ ¾ d’heure, le médecin ou sage-femme échographe va analyser un à un tous les organes de votre bébé pour vérifier qu’ils fonctionnent bien.
L’échographie peut vous donner l’occasion de créer un premier lien avec votre bébé.
C’est aussi au cours de cette échographie que le sexe de votre bébé vous sera dévoilé, si vous le souhaitez.
Certains parents préfèrent attendre et garder la surprise.
Ils laissent faire la nature et savent qu’ils seront heureux quel que soit le sexe de leur bébé.
Pour d’autres, comme moi, c’est une manière de se projeter dans l’avenir en imaginant comment va être le bébé. C’est une manière d’entrer en lien avec lui avant sa naissance.
Les avantages de l’échographie du troisième trimestre
Ce dernier examen permet de voir si tous les membres du bébé se développent normalement, notamment le cœur, et si la grossesse ne connaît pas de soucis.
Le spécialiste mesure la place prise par le bébé et si la quantité de liquide amniotique dans l’utérus est suffisante pour la fin de la grossesse.
Cette échographie est aussi l’occasion de voir la position du bébé qui peut s’être déjà retourné…prêt pour la naissance !
Si le bébé est en siège, on peut prévoir des moyens naturels pour l’aider à se retourner, comme l’haptonomie ou l’acupuncture.
Mais pas de panique, même si elle est plus compliquée, une naissance en siège n’a rien de pathologique, c’est courant et très bien géré par les équipes médicales.
Les avantages d’une échographie de contrôle en cas de problème : prévenir et soigner certaines complications de grossesse
Une grossesse ne se déroule pas toujours sans problèmes ou dangers.
L’échographie est un moyen essentiel de trouver la cause d’un saignement ou d’une douleur, de vérifier une inquiétude si le bébé bouge moins dans votre ventre ou de comprendre les raisons d’une fausse couche.
L’échographie participe à la détection des risques et à la mise en œuvre des solutions à apporter.
Au cours du 4ème mois de grossesse, on pourra vous prescrire une amniocentèse ou une biopsie du trophoblaste sous échographie.
Ces examens permettront d’infirmer ou de confirmer un risque d’anomalie chromosomique détecté le plus souvent lors de la seconde échographie.
L’échographie peut aussi montrer un risque de spina bifida, une anomalie de la fermeture du canal rachidien, dès la 18ème semaine de grossesse.
L’absence totale de risques de l’échographie n’a jamais été prouvée
Nous l’avons vu plus haut, l’échographie peut être un outil de diagnostic utile lorsque des anomalies sont soupçonnées. Je suis la première à voir l’échographie comme une chance qui est donnée aux futures mamans.
Mais l’échographie reste un examen médical récent, qui a évolué très vite grâce aux progrès de la technologie.
Il est donc extrêmement difficile de prouver que l’exposition aux ultrasons est complètement sans danger.
Cela pourrait expliquer pourquoi au Canada, les lignes directrices de pratique médicale (5) ne recommandent qu’une seule échographie au deuxième trimestre et soulignent que des informations sur les risques et les avantages doivent être fournis aux parents et qu’un consentement éclairé doit être obtenu.
Ou encore que des organismes comme le Congrès américain des obstétriciens et gynécologues (6) fasse les recommandations suivantes :
“À l’heure actuelle, il n’y a aucune preuve fiable que l’échographie soit nocive pour le fœtus. Aucun lien n’a été trouvé entre les ultrasons et les malformations congénitales, les cancers infantiles, ou des problèmes de développement plus tard dans la vie. Cependant, il est possible que les effets puissent être identifiés dans le futur. Pour cette raison, il est recommandé que les examens échographiques soient effectués uniquement pour des raisons médicales par des professionnels de la santé qualifiés.”
Certains effets secondaires de l’échographie sont prouvés par des études scientifiques
Certaines études ont prouvé que les ultrasons de l’échographie produisaient bien des effets sur les tissus humains, qui dépendent de la durée de la fréquence et de la puissance de l’exposition :
– l’impact de la chaleur produite par les ondes : une exposition prolongée aux ultrasons peut augmenter la température du fœtus de 4°C, ce qui peut être néfaste pour son cerveau. Si la température du corps de la maman est à 38°C on arrive vite à 41°C, le bébé peut alors convulser.
Une étude de 1997 (7) a révélé que des augmentations importantes de température pouvaient se produire dans ou près de l’os chez le fœtus à partir du deuxième trimestre, si le faisceau de l’échographie est maintenu immobile pendant plus de 30 secondes sur le ventre de la maman.
– Un effet néfaste sur les tissus : l’exposition longue des organes fragiles comme les yeux et le cerveau sont dangereuses pour les tissus, et peuvent entraîner des retards de croissance in utero.
Une grande étude britannique a constaté que les bébés qui avaient été exposés de nombreuses fois à un doppler pour vérifier le placenta avaient un risque de mortalité périnatale deux fois plus élevés que les bébés qui n’y avaient pas été exposés.
Une étude australienne a montré que les bébés qui avaient reçu plus de 5 échographies avec utilisation du doppler étaient 30% plus susceptibles de développer un retard de croissance in-utero que les bébés qui n’avaient pas été soumis à cet examen. Ceci est ironique puisque le doppler est souvent utilisé spécifiquement pour détecter les retards de croissance in utero…
Enfin, un essai clinique réalisé en 1996 sur 2743 femmes divisées en deux groupes a montré que celles qui avaient eu plus de 5 échographies pendant leur grossesse donnaient naissance à des bébés plus petits à la naissance et dans leur première semaine, contrairement à celles qui avaient eu une seule échographie à 18 semaines.
Heureusement, lorsque les médecins procèdent à une échographie médicale, ils mettent l’appareil à moindre intensité de façon à avoir une image convenable tout en réduisant l’intensité au maximum.
Le faisceau ultra sonore est constamment déplacé, l’exposition aux ultrasons est donc brève sur chaque zone.
A éviter à tout prix : les échographies en 3 et 4 D !
En revanche, les échographies en 3D, qui peuvent durer jusqu’à 30 minutes, entraînent une exposition continue aux ultrasons qui se focalise sur la zone du crâne et les organes génitaux.
La recherche de la meilleure image possible, ainsi que le désir de faire partager l’image à l’ensemble des personnes présentes lors de ces séances, peut amener à prolonger cette exposition statique.
Selon le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) qui a tiré la sonnette d’alarme en décembre 2011, les offres d’échographies à des fins non médicales 3D qui se multiplient ne sont pas anodines pour le fœtus.
Les risques d’exposition prolongée aux ultrasons peuvent avoir des impacts, tout particulièrement sur le cerveau et l’œil du fœtus, surtout au premier trimestre ou si la future maman a de la température.
En 2005, l’Agence nationale de sécurité du médicament, avait recommandé aux femmes enceintes de respecter les prescriptions de suivi de leur grossesse par l’échographie médicale mais leur a déconseillé la pratique des échographies dans un but non médical, afin de ne pas exposer inutilement le fœtus aux ultrasons.
Pour l’agence, comme pour le CNGOF, les risques potentiels liés aux effets des ultrasons sur le fœtus sont plus importants lors des échographies en 3D, et ceci sans aucun bénéfice médical.
Comment réduire l’exposition de votre bébé aux ondes de l’échographie ?
Voici quelques conseils pour vous aider à diminuer l’exposition de votre bébé aux ultrasons :
✅ Si votre grossesse se passe bien, limitez vous aux trois échographies remboursées proposées aux femmes enceintes pendant leur suivi de grossesse. Vous avez tout à fait le droit de refuser une échographie si vous ne souhaitez pas en avoir.
✅ Demandez à l’échographe de ne pas utiliser le doppler, qui donne une impulsion continue aux ondes ultrasonores. Le doppler est utilisé pour vérifier le cordon ombilical, mais vous pouvez renoncer à cette évaluation afin de réduire l’exposition du bébé aux ultrasons.
✅ Demandez gentiment à l’échographe de procéder à un examen rapide. Certains professionnels veulent prendre leur temps, bavarder avec vous et prendre de nombreuses photos… Dites lui poliment que vous souhaitez seulement qu’il fasse ses mesures et vérifie l’anatomie de votre bébé.
✅ Ne manquez pas de voir un échographiste expérimenté qui peut efficacement recueillir toutes les informations nécessaires. Cela peut réduire l’exposition de votre bébé de 15 à 20 minutes !
✅ Faites de l’exercice physique régulièrement pour vous assurer que la position de votre bébé est la plus optimale pour la naissance. Les professionnels de santé pourraient vouloir faire des échographies supplémentaires dans les dernières semaines de la grossesse s’ils pensent que le bébé est en siège ou en position postérieure.
✅ Évitez à tout prix de faire une échographie 4D pour acheter une vidéo de votre bébé et n’achetez pas non plus de doppler foetal pour écouter le coeur de votre bébé à la maison.
J’espère que cette lettre vous aura donné toutes les informations sur les risques et les avantages de l’échographie.
C’est à vous de choisir le suivi médical que vous souhaitez pour la vie si précieuse que vous portez en vous. Personne – ni moi, ni votre médecin, ou toute autre personne – ne peut faire ce choix pour vous.
Et vous ? Quelle a été votre expérience de l’échographie ? Combien d’échographies avez-vous eues ? Quelle a été la réaction de votre bébé dans votre ventre ? Partagez votre expérience avec nous dans les commentaires ci-dessous !
Anne-Laure Wright
Sources
(1) Bricker L, Medley N, Pratt JJ. Routine ultrasound in late pregnancy (after 24 weeks’ gestation). Cochrane Database of Systematic Reviews 2015, Issue 6. Art. No.: CD001451. DOI: 10.1002/14651858.CD001451.pub4
(2) Kieler H, Axelsson O, Nilsson S, Waldenström U. Comparison of ultrasonic measurement of biparietal diameter and last menstrual period as a predictor of day of delivery in women with regular 28 day-cycles. Acta Obstet Gynecol Scand. 1993 Jul;72(5):347-9. doi: 10.3109/00016349309021110. PMID: 8392263.
(3) Crafter H. A comment on Ultrasound unsound, by Beverley Lawrence Beech and Jean Robinson, Association for Improvements in the Maternity Services (AIMS), February 1994. Nurs Ethics. 1994 Dec;1(4):246-7. doi: 10.1177/096973309400100410. PMID: 7850516.
(4) Grandjean H, Larroque D, Levi S. Sensitivity of routine ultrasound screening of pregnancies in the Eurofetus database. The Eurofetus Team. Ann N Y Acad Sci. 1998 Jun 18;847:118-24. doi: 10.1111/j.1749-6632.1998.tb08932.x. PMID: 9668704.
(5) Bucher H C, Schmidt J G. Does routine ultrasound scanning improve outcome in pregnancy? Meta-analysis of various outcome measures. British Medical Journal 1993; 307 :13 doi:10.1136/bmj.307.6895.13
(6) LeFevre ML, Bain RP, Ewigman BG, Frigoletto FD, Crane JP, McNellis D. A randomized trial of prenatal ultrasonographic screening: impact on maternal management and outcome. RADIUS (Routine Antenatal Diagnostic Imaging with Ultrasound) Study Group. Am J Obstet Gynecol. 1993 Sep;169(3):483-9. doi: 10.1016/0002-9378(93)90605-i. PMID: 8372849.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site de Naturelle maman ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un gynécologue, une sage-femme ou autre professionnel de la périnatalité, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé au cours de votre grossesse.
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