Les avantages d’un accouchement sans péridurale, dans le respect de la physiologie de la femme qui accouche et de son bébé, sont nombreux et bien trop méconnus. Découvrez les six principaux dans cet article.
Je reviens de la maternité où j’ai rendu visite à mon Marianne qui vient d’accoucher de sa deuxième petite fille.
Elle est fatiguée mais contente de son accouchement parce qu’il a duré deux fois moins longtemps que son premier.
Marianne a accouché sous péridurale.
Elle est restée en position allongée sur le dos tout au long du travail, sous monitoring, et on lui a fait une épisiotomie.
Ca lui paraissait complètement normal de devoir bénéficier de toutes ces procédures médicales.
Même si elle a vécu une grossesse en pleine forme, sans aucun problème de santé.
J’ai pourtant été impressionnée, choquée même, par le peu de questions que Marianne s’est posées sur la naissance de son bébé.
Comme si cet accouchement ne lui appartenait pas vraiment et était plutôt l’affaire des médecins et des sages-femmes qui l’ont accompagnée.
Personne ne s’est étonné qu’elle ait autant d’interventions médicales (à part moi) et tout son entourage l’a félicitée pour cet accouchement “réussi”.
Et Marianne est loin d’être un cas à part.
En France, malgré le souhait de plus en plus de femmes d’accoucher le plus naturellement possible, l’accouchement médicalisé est devenu la norme.
Notre taux de péridurale figure parmi les plus élevés du monde, avec près de huit femmes sur dix qui en bénéficient (2).
Les futures mamans qui ne se posent pas de questions ou qui n’ont pas été informées n’ont plus vraiment conscience qu’elles ne sont pas obligées de bénéficier de toutes ces techniques médicales qui leur sont souvent imposées.
Elles deviennent dépendantes du corps médical et se sentent souvent dépossédées du véritable vécu de leur accouchement.
Comme Marianne, les femmes enceintes entrent à l’hôpital ou à la clinique pour se livrer corps et âme à la technologie ultra-moderne de l’obstétrique, en se soumettant à toutes les directives qui leur sont imposées.
Elles pensent ainsi qu’elles seront plus en sécurité et qu’elles auront moins de chances de rencontrer un problème.
Plusieurs études prouvent que la péridurale peut entraîner des complications
– Une étude américaine menée par le Dr Lewis Mehl-Madrona a démontré que les complications et les interventions étaient beaucoup plus fréquentes dans les accouchements à l’hôpital qu’à la maison.
– Parmi les mères accouchant à la maison, 5% seulement reçoivent une intervention médicale contre 75% parmi les mères hospitalisées.
– Il y a 3 fois plus de césariennes à l’hôpital que dans les naissances à domicile ou en maison de naissance.
– Le taux d’épisiotomies est 10 fois plus élevé chez les mères hospitalisées et elles souffrent 2 fois plus souvent de déchirures périnéales graves dues à l’utilisation des forceps et à la position gynécologique (allongée sur le dos, pieds dans les étriers).
– L’OMS estime que les hôpitaux qui ont un taux de césariennes supérieur à 10% interviennent trop souvent dans le déroulement de l’accouchement. Or en France, il est de 23%.
Les bienfaits d’un accouchement sans péridurale sont nombreux et trop méconnus
Au fil de mes trois grossesses, j’ai découvert que cette médicalisation si présente avait certes de nombreux bienfaits lorsque les grossesses étaient « à risque », mais qu’elle avait aussi contribué à rendre l’accouchement moins humain.
Très, voire “sur-informées” sur tous les risques qu’elles encourent et tous les actes médicaux relatifs à la grossesse, de nombreuses futures mamans ne font plus confiance à leur propre corps et à la nature pour mettre au monde leur bébé.
Je me suis dit qu’en vous délivrant les avantages que vous auriez à choisir un accouchement physiologique, vous auriez la chance d’être mieux informée que mon amie Marianne, et vous pourriez choisir librement et en pleine conscience, l’accouchement qui vous convient le mieux.
Voici les 6 principales raisons pour lesquelles l’accouchement naturel est beaucoup plus bénéfique pour vous et votre bébé qu’un accouchement médicalisé :
Le travail est souvent plus court et plus facile sans péridurale
Lors d’un accouchement naturel, l’ocytocine produite par votre corps envoie :
- des signaux à l’utérus pour qu’il se contracte.
- des signaux au cerveau pour qu’il produise des endorphines qui aident à réduire les douleurs des contractions.
La pose d’une péridurale interfère avec ce processus naturel et conduit souvent à ralentir, voire stopper les contractions.
Conséquence : l’accouchement dure plus longtemps (3).
En plus de ça, vous ne sentez plus ni vos contractions, ni le bas de votre corps et vous ne savez plus comment pousser.
En ne poussant plus à des moments clés, ou avec une force insuffisante, vous n’êtes plus capable de faciliter l’expulsion de votre bébé.
Le travail devient plus difficile et les interventions médicales (injection d’ocytocine de synthèse, forceps…) plus fréquentes.
Vous restez libre de vos mouvements tout au long de l’accouchement
Avoir une péridurale, une intraveineuse ou un monitoring fœtal électronique en continu signifie généralement que vous serez confinée au lit, incapable de marcher ou de changer de position alors que cela facilite l’accouchement.
Beaucoup de mamans ne réalisent pas qu’elles seront paralysées des jambes et reliées à une perfusion une fois qu’elle seront sous péridurale.
Accoucher sans péridurale vous permet de vous déplacer librement et d’aider votre bébé à descendre dans votre bassin.
La liberté de mouvement rend le travail plus facile, et parfois plus rapide.
Les femmes qui marchent et changent de position au cours de leur accouchement, ont plus de chances de donner naissance par voie basse, et ont un meilleur sentiment de contrôle sur leur expérience (4).
Sachez aussi que la péridurale vous empêchera de manger et de boire pendant le travail.
Pourtant, une femme qui est bien nourrie et hydratée est plus forte et prête pour endurer les contractions et pousser de façon efficace.
Vous évitez des interventions médicales inutiles
Vous pensez peut-être que les actes médicaux couramment utilisés pendant l’accouchement sont rassurants ? Vous ne devriez pas.
De nombreuses interventions sont inutiles et peuvent vous conduire à davantage d’interventions médicales, y compris une césarienne.
D’après l’American Journal of Obstetrics and Gynecology qui a fait paraître une étude concernant des femmes ayant choisi d’accoucher avec une péridurale (5) :
- la première phase du travail a duré en moyenne deux heures de plus
- la deuxième phase a duré une heure de plus
- plus de la moitié de ces femmes ont eu besoin d’ocytocine pour intensifier le travail car la péridurale avait ralenti ou stoppé les contractions
- quatre fois plus de femmes ont eu des bébés qui se présentaient dans la mauvaise position
- deux fois plus de femmes ont eu recours aux forceps et aux ventouses
- un quart d’entre elles (25%) a accouché sous césarienne (comparé aux 2% pour le groupe qui avait choisi un accouchement naturel !).
Et toutes ces complications ne surviennent pas seulement à cause de la péridurale.
Le simple fait d’être placée sous monitoring pour écouter le cœur de votre bébé pendant tout l’accouchement peut entraîner de nombreuses complications.
Un rapport de l’Institut national de la santé du Québec sur les interventions obstétricales évitables pour les femmes à faible risque, a démontré que la “surveillance fœtale électronique en continu mène à une cascade d’interventions : péridurale, césarienne, accouchement instrumentalisé (forceps et ventouse)”. (6)
Ces données scientifiques sur la cascade d’interventions ont aussi été publiées dans la revue Birth en mars 2014. (7)
Les débuts de votre allaitement sont plus faciles
Le moment le plus important pour bien commencer son allaitement se joue dans les minutes et les heures qui suivent la naissance de votre bébé.
Si vous et votre bébé êtes endormis, groggys ou désorientés (effets secondaires courants de la péridurale), vous aurez plus de chances de rencontrer des difficultés pendant ces premiers moments.
Selon la Leche League (8), la péridurale peut entraîner les problèmes d’allaitement suivants :
✅ Le bébé et/ou la maman peuvent être somnolents ou moins alertes et retarder ainsi la première tétée.
✅ La capacité du bébé à sucer, avaler et respirer peut être désorganisée.
✅ Le verrouillage du bébé et son réflexe de succion peuvent être retardés.
De très nombreuses études scientifiques menées ces vingt dernières années prouvent que les échecs à l’allaitement sont plus nombreux en cas de péridurale (9, 10) et soulignent l’importance d’un besoin de soutien plus important chez les mamans qui n’ont pas accouché naturellement.
Pourquoi cet effet ? Les produits anesthésiants qu’on va vous injecter passent inévitablement dans l’organisme de votre nouveau-né, par le placenta ou par le colostrum.
L’impact sur son comportement sera maximal dans les premières heures qui suivent sa naissance, au moment même où la première tétée se met en place.
Comme je l’ai évoqué un peu plus haut, le produit anesthésiant perturbe aussi votre production naturelle d’ocytocine, ce qui peut perturber la mise en route de la lactation.
Les mamans sous péridurale ont plus souvent l’impression de ne pas avoir suffisamment de lait (11, 12).
Elles perdent confiance en elles et c’est parfois le début de la fin de leur allaitement…
Si vous deviez recevoir une péridurale, gardez ces études en tête et n’hésitez pas à demander de l’aide au plus vite pour être accompagnée dans ces premiers moments.
Vous allez récupérer plus facilement et rapidement
Sans les effets de l’anesthésie et les douleurs des actes chirurgicaux, les femmes qui ont accouché naturellement récupèrent plus vite.
Elles peuvent se lever peu après le travail si elles le désirent, se promener ou prendre une douche, voire même parfois rentrer chez elles dans les heures qui suivent l’accouchement.
Au moment de l’expulsion de leur bébé, les femmes qui accouchent sans péridurale libèrent une quantité importante d’endorphines.
En plus de calmer la douleur, ces hormones apportent une sensation de bien-être et de plaisir aux nouvelles mamans, qui peuvent même être parfois légèrement euphoriques, voire ressentir une sensation proche de l’orgasme.
Les mamans qui accouchent au naturel libèrent aussi de l’ocytocine, qui leur donne un regain d’énergie pour câliner leur bébé, commencer à l’allaiter et créer les premiers liens affectifs.
Des études ont démontré que le corps d’une femme ne pouvait pas libérer autant d’hormones naturelles, nécessaires à la récupération, lorsqu’une péridurale était posée (13).
Un accouchement dans le respect de votre physiologie va vous donner confiance en vous
Il suffit d’écouter les femmes qui ont pu vivre pleinement leur accouchement, “accoucher avec leurs propres hormones” comme dit Michel Odent, les entendre dire la fierté qu’elles ont éprouvée, la force qu’elles ont découverte en elles, la façon dont cela a changé leurs perspectives et influencé leur vie entière… pour se dire qu’il est vraiment dommage que tant d’autres passent à côté de cela, simplement par manque d’information et donc de choix réel.
Dans les sociétés traditionnelles, l’accouchement formait un rite de passage (14) : la jeune fille meurt pour laisser place à la mère.
Or que se passe-t-il durant ce rituel de passage ? C’est tout simplement le changement hormonal – qui n’est possible que lorsque l’accouchement se fait naturellement – qui permet à la femme d’être pleinement actrice de son accouchement et de gérer sa douleur en accédant à un état de conscience modifié.
Malheureusement, le contexte hospitalier n’est pas idéal pour permettre un tel lâcher-prise, et la péridurale bloque non seulement les sensations mais aussi la production naturelle d’hormones.
Ne passez pas “à côté” de votre accouchement
Pour finir, j’aimerais partager avec vous cette grande enquête de satisfaction réalisée par le CIANE en 2013 (15) auprès de plus de 8000 mamans qui avaient bénéficié d’une péridurale.
La proportion de femmes satisfaites de leur accouchement était nettement supérieure chez celles qui n’avaient pas bénéficié d’anesthésie.
Et nombreuses étaient celles qui estimaient être passées “à côté” de leur accouchement en bénéficiant d’une péridurale et d’un accompagnement médicalisé.
Ces chiffres de satisfaction ne peuvent donc qu’amener à s’interroger sur l’importance de se réapproprier la naissance de nos enfants, d’en faire un événement avant tout humain, et non médical.
Mon espoir est que cet article, comme les nombreux témoignages que vous trouverez sur internet, vous aide à regagner confiance en la capacité de votre corps à donner la vie et à gérer la douleur naturellement.
Et vous ? Saviez-vous qu’un accouchement naturel était si bénéfique pour vous et votre bébé ? En aviez-vous été informée par les professionnels de santé qui suivent votre grossesse ? Souhaitez-vous accoucher de façon naturelle ? Ou l’avez vous déjà vécu ? Partagez votre expérience avec nous dans les commentaires ci-dessous !
Anne-Laure Wright
Préparez votre accouchement avec le programme Naissance douce
Vous êtes enceinte et vous souhaitez vivre un accouchement naturel, sans péridurale, sans intervention médicale inutile, sans violence obstétricale ? Vous voulez respecter votre corps, votre bébé, votre intuition ? Vous voulez vous sentir actrice de votre accouchement, et non pas spectatrice ? Rejoignez le programme Naissance douce pour vous préparer en ligne et à votre rythme avec une sage-femme qui accompagne les accouchements physiologiques. Découvrez la présentation du programme en cliquant sur l’image ci-dessous.
Sources
- Anne-Marie Dessureault, “La médicalisation de l’accouchement : impacts possibles sur la santé mentale et physique des familles”, Editions Médecine et Hygiène, 2015. Trouvé sur : https://www.cairn.info/revue-devenir-2015-1-page-53.htm
- Inserm, “En France, la péridurale est fréquente chez les femmes qui souhaitaient accoucher sans”, 2015. Trouvé sur : http://www.inserm.fr/actualites/rubriques/actualites-recherche/en-france-la-peridurale-est-frequente-chez-les-femmes-qui-souhaitaient-accoucher-sans
- Alexander James M, Sharma Shiv K., McIntire, Donald D, Leveno Kenneth J., “Epidural Analgesia Lengthens the Friedman Active Phase of Labor”, American College of Obstetricians and Gynecologists, 2002. Trouvé sur : http://journals.lww.com/greenjournal/abstract/2002/07000/epidural_analgesia_lengthens_the_friedman_active.8.aspx
- Teri Shilling, Amy M. Romano, Joyce T. DiFranco, “Freedom of Movement Throughout Labor”,A Lamaze International Publication, 2007. Trouvé sur : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1948086/
- Ellice Lieberman, Carol O’Donoghue, “Unintended effects of epidural analgesia during labor: A systematic review”, American Journal of Obstetrics and Gynecology, 2002. Trouvé sur : http://www.ajog.org/article/S0002-9378(02)70181-6/abstract
- INESSS, “Mesures prometteuses pour diminuer le recours aux interventions obstétricales évitables pour les femmes à faible risque”, 2012. Trouvé sur : http://www.inesss.qc.ca/fileadmin/doc/INESSS/Rapports/ObstetriqueGynecologie/ETMIS_2012_Vol8_No14.pdf
- Rossignol M, Chaillet N, Boughrassa F, Moutquin JM, “Interrelations between four antepartum obstetric interventions and cesarean delivery in women at low risk: a systematic review and modeling of the cascade of interventions”, Birth, 2014. Trouvé sur : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24654639
- ”Conditions d’accouchement et débuts d’allaitement”, Allaiter aujourd’hui n° 94, LLL France, 2013. Trouvé sur : http://www.lllfrance.org/1671-aa-94-conditions-daccouchement-et-debuts-dallaitement
- Devroe S, De Coster J, Van de Velde M., “Breastfeeding and epidural analgesia during labour”, 2009. Trouvé sur : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19352174
- Sue Jordan, “Infant feeding and analgesia in labour: the evidence is accumulating”, International Breastfeeding Journal, 2006. Trouvé sur : http://internationalbreastfeedingjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/1746-4358-1-25
- Howie, W. O., & McMullen, P. C, “Breastfeeding Problems Following Anesthetic Administration”, The Journal of Perinatal Education, 2006. Trouvé sur : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1595306/
- Volmanen P, Valanne J, Alahuhta S, “Breast-feeding problems after epidural analgesia for labour: a retrospective cohort study of pain, obstetrical procedures and breast-feeding practices”, International Journal of Obstetric Anesthesia, 2004. Trouvé sur : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15321436
- Abboud TK, Sarkis F, Hung TT, Khoo SS, Varakian L, Henriksen E, Noueihed R, Goebelsmann U, “Effects of epidural anesthesia during labor on maternal plasma beta-endorphin levels”, Anesthesiology, 1983. Trouvé sur : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/630523
- Suzanne Toulouse, “Quand la vie naissante se raconte : la mise en récit de l’accouchement : un rite de passage”, Gynécologie et obstétrique, 2013. Trouvé sur : http://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00873666/document
- Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE), “Douleur et accouchement, où en est-on en 2013 ?”, 2013. Trouvé sur : http://ciane.net/wordpress/wp-content/uploads/2013/01/infographie-peridurale-2013.pdf
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site de Naturelle maman ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un gynécologue, une sage-femme ou autre professionnel de la périnatalité, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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