Ostéopathie, observation du cycle, nutrition… Marie-Liesse Goutte, infirmière DE spécialisée dans la prise en charge de l’infertilité, vous présente toutes les solutions alternatives qui s’offrent à vous avant d’entamer un parcours de procréation médicalement assistée.
Combien de fois ai-je entendu cette phrase : « On n’arrive pas à avoir de bébé depuis 6 mois mais ma gynéco ne veut pas m’envoyer en PMA, elle m’a donné RDV dans 6 mois et en attendant je ne sais pas quoi faire. »
Eh bien aussi énervant que celui puisse être, cette gynécologue n’a pas tort… Laissez-moi vous expliquer pourquoi.
Quand peut-on parler d’infertilité ?
L’OMS parle d’infertilité après 12 mois d’essais, avec des rapports réguliers sans contraception. La gynécologue suit donc parfaitement les recommandations de l’organisation.
En revanche un outil très interessant pourrait être mis en place pendant ce temps d’attente afin de s’assurer de plusieurs points indispensables :
Est-ce qu’il y a une ovulation à chaque cycle ?
Est-ce que les rapports sont placés au bon moment ?
En effet l’observation du cycle de la femme est un premier pas pour essayer d’en savoir un peu plus sur la capacité du couple à concevoir, il va permettre de s’assurer d’un bel équilibre hormonal et d’une ovulation de qualité.
Mais surtout c’est un outil indispensable pour comprendre quand s’ouvre et se ferme la période fertile de la femme.
Car non, la femme n’est pas féconde tous les jours, mais bien seulement quelques jours par cycle. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir des rapports tous les deux jours tout au long du cycle, mais plutôt de bien « viser ».
Comment prendre en main votre fertilité ?
De nombreuses méthodes permettent désormais la lecture et le décryptage du cycle de la femme, permettant à chaque couple de trouver celle qui lui sera la plus adaptée.
Pour ne citer que les différentes façons de faire : vous pouvez suivre le cycle en observant la sécrétion de glaire cervicale, en prenant votre température au quotidien ou en examinant votre col de l’utérus.
Rapidement : la glaire cervicale va se modifier tout au long de votre cycle en se liquéfiant durant la période féconde.
La température va elle augmenter après l’ovulation et le col, lui, va changer de position et de texture en fonction de l’imprégnation hormonale.
Le fait d’analyser ces différents signes vous permet de savoir au jour près quand vous êtes proche de l’ovulation.
Cela permet donc au couple de choisir d’avoir des rapports à ces moments là et d’optimiser ainsi les chances de concevoir.
Sachant que les pourcentages de « réussite » est finalement tributaire du jour de l’ovulation, mieux vaut savoir quand placer les rapports.
On est ainsi à 10% de chance de concevoir si le rapport à lieu 5 jours avant l’ovulation, et 33% si le rapport a lieu le jour même.
Attention donc aux applications qui calculent statistiquement l’entrée et la sortie de période féconde, le corps n’étant pas une machine, tout cela peut énormément fluctuer.
J’ai accompagné un couple qui avait des rapports vers J14 : date d’ovulation présumée par l’application alors que cette femme ovulait quasi systématiquement 3 jours après, quand ils arrêtaient d’avoir des rapports…
Rien ne vaut de bien se former et d’être accompagnés pour réussir à comprendre comment se déroule votre cycle.
Avec la lecture du cycle en plus, les 16 mois d’attente ne sont pas perdus car, en plus de mieux cibler les rapports, l’observation du cycle permet aussi de savoir si tout est optimal ou si certaines choses clochent.
Quels signes peuvent vous emmener à consulter plus rapidement ?
Cela fait désormais 8 ans que nous accompagnons, avec mon homme, des couples dans l’apprentissage de la lecture du cycle et certains signaux me mettent la puce à l’oreille et me permettent de les envoyer plus rapidement vers des praticiens pour une prise en charge plus adaptée.
La connaissance de pathologies gynécologiques comme l’endométriose, ou des fibromes/polypes permet une prise en charge plus fine de la femme.
Ainsi on sera plus attentifs à des saignements tout au long du cycle, des douleurs handicapantes, cela signe une inflammation : ce qui n’est pas propice à l’arrivée d’une grossesse. Si c’est le cas il faudra rapidement mettre en place de bonnes habitudes que nous verrons ensuite.
L’observation du cycle dans le cadre d’un SOPK, permettra de savoir si les cycles sont ovulatoires ou pas, si ce n’est pas le cas, aucun intérêt à attendre 6-12 mois il faut d’abord essayer de relancer des ovulations. Certaines femmes peuvent en effet saigner à intervalles réguliers sans pour autant ovuler.
De même certains signes sur des cycles réguliers peuvent faire penser à des déséquilibres hormonaux. Par exemple si une femme a des spottings (saignements legers) plus de 3 jours avant l’arrivée de ses règles, on peut suspecter un déficit en progestérone. Cela va souvent de paire avec l’apparition d’un syndrome pré-menstruel et une température peu stable.
A l’inverse une femme qui a peu de glaire, pourrait avoir une hypooestrogénie. En étant attentifs, on peut même avoir des indices pour d’autres déréglements hormonaux au niveau de la thyroide, de la prolactine etc… Bref la lecture du cycle est passionnante et permet vraiment de ne pas perdre ce laps de temps donné.
Ainsi on pourra décider d’avancer de son coté avant de passer en PMA, si on détecte des déséquilibres hormonaux ou des désagréments mécaniques grâce à l’observation de son corps.
Quelles pistes à creuser avant d’entrer en PMA ?
Pour résumer que va-t-on chercher comme informations afin de ne pas perdre de temps :
– Ai-je des cycles ovulatoires ?
– Mon équilibre hormonale oestro-progestéronique est-il optimal ?
– Ai-je une pathologie nécessitant une prise en charge médicale qui ne serait pas encore diagnostiquée ?
– Est-ce que mécaniquement tout est ok ?
– Est-ce que mon cycle m’envoie des signaux d’alerte pour me dire que quelque chose cloche.
Vers qui se tourner pour soutenir sa fertilité au naturel ?
Quoiqu’il en soit la première chose possible à faire est d’améliorer son hygiène de vie ; que ce soit en prenant de meilleures habitudes de sommeil, d’éviter les perturbateurs endocriniens, les toxiques tels que le tabac ou l’alcool, de bien se nourrir et de moduler son stress.
Les naturopathes et les nutritionnistes sont ici de bons alliés pour celles et ceux qui ont besoin d’être guidés pour faire des changements de mode de vie.
Un suivi en ostéopathie peut être judicieux pour les femmes présentant des douleurs pendant leurs cycles, pendant les rapports ou au quotidien. Il n’est pas normal d’avoir des règles douloureuses, comme dans une moindre mesure, nous ne devrions pas sentir nos ovulations : ce n’est pas forcément grave mais cela signe une congestion pelvienne.
Je trouve que les ostéopathes font un travail admirable car ils ont une vision complète de la personne, ils vont regarder l’état du foie, du système digestif, ce qui permet de comprendre en profondeur comment soutenir la personne prise en charge.
J’ai déjà envoyé des femmes pour des saignements hémorragiques qui ont pu être réglés en quelques séances d’ostéopathie.
Autre point interessant, certaines femmes ont pu être rapidement envoyées en consultation gynécologique pour une échographie et se rendre compte que les trompes étaient par exemple mal positionnées… que de temps gagné car cela se corrige bien mais aurait minoré les chances de concevoir.
Pour certaines femmes, il va être indispensable de passer voir son médecin généraliste ou une sage-femme pour soigner des troubles plus profonds, par exemple des hypothyroïdies, des carences etc… eux seuls peuvent vous prescrire des bilans pour vous permettre de savoir où vous en êtes.
Une fois ces bilans faits, et un traitement mis en place si besoin, les naturopathes, phytothérapeutes pourront vous accompagner pour travailler, en complément de votre généraliste si cela est nécessaire.
Dans ma pratique, je travaille régulièrement en collaboration avec des médecins pour affiner la prise en charge des femmes.
Par exemple on peut soutenir le travail d’élimination du foie quand il y a trop d’oestrogènes circulants, ou conseiller des plantes pour booster la sécrétion de progestérone en deuxième partie de cycle. Le médecin lui s’occupant de pathologies nécessitant un traitement.
Une piste à creuser : l’hyperprolactinémie
Elle est prise en charge médicalement au-dessus d’un certain seuil (>50 ng/mL), pourtant elle peut impacter négativement les chances de conception avant ce seuil , c’est là où la phytothérapie peut être intéressante en modulant cette hormone a la baisse pour qu’elle n’empêche pas le bon déroulement du cycle.
Je ne peux que vous conseiller de vous tourner vers des praticiens formés à l’observation du cycle et qui adapteront leur prise en charge en fonction de l’imprégnation hormonale de votre organisme. C’est indispensable quand il y a un désir de bébé.
Bref j’espère que vous ne voyez plus ces 6 mois d’attente qui vous restent comme une perte de temps, mais comme un temps donné pour comprendre mieux votre corps afin de favoriser une grossesse, avant même de passer en PMA si possible !!!
Et vous ? Avez-vous été suivi.e par un professionnel de santé pour tester des méthodes naturelles de soutien de la fertilité ? Qui avez-vous consulté ? Partagez votre expérience avec nous dans les commentaires ci-dessous !
Marie-Liesse Goutte
Sources
(1) Wilcox AJ, Weinberg CR, Baird DD. Timing of sexual intercourse in relation to ovulation. Effects on the probability of conception, survival of the pregnancy, and sex of the baby. N Engl J Med. 1995 Dec 7;333(23):1517-21. doi: 10.1056/NEJM199512073332301. PMID: 7477165.
(2) Štelcl M, Vrublovský P, Machač Š. Prolactin and alteration of fertility. Ceska Gynekol. 2018 Winter;83(3):232-235. English. PMID: 30764625.
(3) van Die MD, Burger HG, Teede HJ, Bone KM. Vitex agnus-castus extracts for female reproductive disorders: a systematic review of clinical trials. Planta Med. 2013 May;79(7):562-75. doi: 10.1055/s-0032-1327831. Epub 2012 Nov 7. PMID: 23136064.
Avertissement : En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site de Naturelle maman ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un professionnel de santé, seul en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé et celui de vos enfants.
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