Il existe plusieurs preuves scientifiques qui montrent que l’accouchement à domicile est un choix qui peut être fait en toute sécurité et en toute sérénité, si les conditions sont réunies. Il permet de vivre une expérience unique, respectueuse et enrichissante, tant pour la mère que pour le bébé. Si vous avez envie de donner naissance à votre bébé à la maison, je vous donne dans cet article quelques éléments pour vous préparer, vous conforter dans votre choix et faire face aux critiques ou aux craintes de votre entourage s’il y en a.
Ces derniers jours, des dizaines d’articles ont relaté le décès d’une femme de 37 ans et de son nouveau-né dans le cadre d’un accouchement à domicile. (1, 2, 3)
Alors que les causes du décès qui a eu lieu à la maternité suite à un transfert effectué par une sage-femme n’ont pas été identifiées, la grande majorité des médias ont pointé du doigt les dangers de l’accouchement à domicile.
Pour ramener un peu d’objectivité dans ce débat biaisé, j’ai souhaité citer dans cet article plusieurs études et preuves chiffrées qui montrent que l’accompagnement assisté à domicile (AAD) n’est pas plus dangereux que l’accouchement à la maternité.
Les avantages de l’accouchement à domicile
L’accouchement à domicile présente de nombreux avantages pour la femme qui le choisit. Tout d’abord, elle peut bénéficier d’un environnement familier, confortable et intime, où elle se sent en confiance et en sécurité.
Comme en témoigne la sage-femme Isabelle Koenig : « Notre approche est éminemment humaine. En jeu : la richesse de ce que vivent les parents et le bébé qui, même s’il n’a pas la parole, est toujours plus calme lorsqu’il vient au monde de cette manière. Les naissances à domicile sont plus douces. » (4)
La femme qui choisit d’accoucher chez elle peut ainsi se laisser guider par son instinct et son rythme, sans subir de pression ni d’intervention inutile. Elle peut aussi choisir la position qui lui convient le mieux, se déplacer librement, manger et boire si elle le souhaite, écouter de la musique, allumer des bougies, etc. Elle peut également être entourée des personnes de son choix, comme son conjoint, ses enfants, ses amis ou sa famille.
L’accouchement à domicile permet aussi de bénéficier d’un suivi personnalisé et continu par une sage-femme, qui connaît bien la femme et son projet de naissance.
La sage-femme est formée pour accompagner les accouchements physiologiques, c’est-à-dire sans intervention médicale, sauf en cas de nécessité. Elle dispose du matériel nécessaire pour surveiller le bien-être de la mère et du bébé, et pour intervenir en cas d’urgence.
Elle respecte les choix et les préférences de la femme, tout en lui apportant son soutien, ses conseils et ses encouragements. Elle favorise ainsi le déroulement physiologique de l’accouchement, en respectant le processus hormonal et émotionnel qui s’opère.
L’accouchement à domicile offre également des bénéfices pour le bébé, qui naît dans un environnement calme, doux et chaleureux. Il peut être mis en contact peau à peau avec sa mère dès la naissance, ce qui favorise le lien d’attachement, la régulation thermique, la respiration et la mise en place de l’allaitement. Il n’est pas séparé de sa mère, ni soumis à des examens ou des soins invasifs. Il peut ainsi s’adapter en douceur à sa nouvelle vie, sans stress ni traumatisme.
Les preuves scientifiques de la sécurité de l’accouchement à domicile
L’accouchement à domicile est souvent perçu comme un choix dangereux, voire irresponsable, par une partie de la société et du corps médical français.
Pourtant, les études scientifiques montrent que l’accouchement à domicile, quand il est planifié, que les femmes sont en bonne santé, que l’accouchement se déroule normalement, et qu’un bon mécanisme de transfert vers le centre hospitalier est présent, est au moins aussi sécuritaire que l’accouchement à l’hôpital, et ce avec moins d’interventions.
Par exemple, une étude publiée dans le British Medical Journal en 2011 (5) a analysé le déroulement de plus de 64 000 naissances à la maternité, en maison de naissance et à domicile. Les chercheurs ont conclu que les femmes qui accouchent à domicile subissent moins d’interventions que celles qui accouchent à l’hôpital, sans impact sur les résultats périnataux.
Une autre grande étude publiée en 2015 a montré que l’accouchement à domicile était associé à un taux plus faible de césarienne, d’épisiotomie, de péridurale, d’ocytocine de synthèse, de ventouse et de forceps, sans augmenter le risque de complications maternelles ou néonatales. Le taux de transfert vers l’hôpital était de 12,6 %, principalement pour des raisons non urgentes, et le taux de satisfaction des femmes était très élevé. (6)
Publiées chaque année depuis 2019, les statistiques de l’APAAD, l’association professionnelle de l’accouchement accompagné à domicile, sont autant de preuves chiffrées que l’accouchement à domicile est aussi, voire parfois plus sécuritaire que l’accouchement à l’hôpital.
Parmi les dernières données publiées portant sur 5 ans d’activité (7), on apprend par exemple que :
✅ Les femmes présentant une hémorragie sévère de la délivrance ne sont pas plus nombreuses
quand elles accouchent à domicile (1,6 %) ou dans un autre lieu de naissance (3,0 % à l’hôpital).
✅ Les décès périnataux (0,2 %) ne sont pas plus fréquents à domicile qu’ailleurs (0,87 %
à l’hôpital).
✅ Les enfants ayant nécessité une réanimation néonatale avec 0,6 % à domicile contre 2,0 % à l’hôpital.
✅ La nécessité de recourir à une naissance instrumentale (0,8 %) ou une césarienne (0,3 %) est très rare, de même que le besoin de soulagement médicamenteux de la douleur (3,5 %) chez les femmes qui accouchent à domicile.
Ces études et statistiques, parmi d’autres, confirment que l’accouchement à domicile est une option sûre et satisfaisante pour les femmes qui le souhaitent, à condition qu’elles soient bien accompagnées par une sage-femme compétente et expérimentée, et qu’elles aient accès à un système de santé performant en cas de besoin.
Une étude portant sur 500 000 naissances a prouvé que l’accouchement à domicile accompagné par une sage-femme était sécuritaire
Cette méta-analyse, menée par des chercheurs de l’Université McMaster au Canada, a passé en revue les résultats de 21 études sur les accouchements à domicile publiées depuis le début des années 90. (8)
Toutes avaient évalué les risques de mortalité durant l’accouchement ou pendant les quatre premières semaines de vie de l’enfant, en comparant des naissances à domicile et à l’hôpital.
Ces analyses ont eu lieu dans huit pays différents – Suède, Nouvelle-Zélande, Angleterre, Pays-Bas, Japon, Australie, Canada et États-Unis – et ont porté sur plus de 500 000 dossiers médicaux.
Bonne nouvelle, leurs résultats étaient sans appel : les accouchements à domicile sont aussi sûrs que les accouchements en milieu hospitalier.
« De plus en plus de femmes dans les pays dotés de ressources importantes optent pour une naissance à la maison, mais l’inquiétude persiste quant à leur sécurité« , explique Eileen Hutton, fondatrice du McMaster Midwifery Research Center et principale auteure de cette étude.
» Cette recherche démontre clairement que le risque n’est pas différent, que l’accouchement se fasse à domicile ou à l’hôpital. Nos recherches fournissent ainsi des informations indispensables aux décideurs, aux prestataires de soins, aux femmes et à leurs familles lors de la planification de la naissance . «
Si vous souhaitez en savoir plus, tous les détails de l’étude sont publiés dans The Lancet de EClinicalMedicine.
Assez convaincant pour faire évoluer les mentalités des soignants français ?
Grâce à cette accumulation de preuves scientifiques, les autorités de santé de plusieurs pays occidentaux comme les Pays-Bas, le Royaume-Uni ou la Suisse ont intégré l’accouchement à domicile dans leur offre de soins destinés aux femmes enceintes.
Quand est-ce que la France prendra enfin de vraies dispositions en faveur de l’accouchement à la maison pour que les femmes et les sages-femmes puissent choisir cette option dans de bonnes conditions ?
Pour le moment, l’accouchement à domicile ne concerne que très peu de femmes (1 % à 2 % des futures mamans en France). Et pour cause !
Frein n°1, la plupart des professionnels de la périnatalité en parlent aux futures mamans comme d’une pratique dangereuse, voire inconsciente, en suggérant notamment que les mamans s’exposent à un risque d’être moins bien prises en charge en cas de problème…
Mais il y a pire encore.
Les sages-femmes indépendantes qui pratiquent les accouchements à domicile sont victimes d’une véritable chasse aux sorcières.
Alors que les accouchements à la maison sont définis comme parfaitement légaux par la haute autorité de la santé, elles se voient obligées de souscrire à un contrat d’assurance d’un montant qui frôle les 25 000 euros par an, contre environ 1.000 euros en Belgique et moins de 300 francs en Suisse !
Cette somme énorme dépasse largement le revenu annuel moyen d’une sage-femme. La soixantaine de sages-femmes courageuses et passionnées qui pratiquent les accouchements à domicile le font donc sans être assurée, avec un statut de hors-la-loi…
Et c’est précisément ce défaut d’assurance qui sert de base à de nombreuses suspensions et radiations de l’ordre des sages-femmes. Une véritable épée de Damoclès au dessus de leur tête.
Et malgré la fermeture de nombreuses maternités et l’envie de plus en plus forte des femmes d’un respect de la physiologie de la naissance, nos autorités de santé semblent faire la sourde oreille.
Aucun risque supplémentaire, mais surtout énormément d’avantages à accoucher à la maison
Dans les pays nordiques, en Angleterre, en Australie ou ici en Suisse, la question des accouchements à domicile n’est pas du tout polémique.
Les futures mamans qui souhaitent accoucher à la maison bénéficient d’une information et d’un accompagnement de qualité.
La plupart d’entre elles expriment le désir de mettre au monde leur enfant dans un cadre intimiste et non médicalisé, hors d’un protocole hospitalier considéré comme trop rigide et impersonnel.
En France, les femmes sont de plus en plus nombreuses à souffrir du manque d’individualisation ressenti à la maternité et la multiplication des interventions médicales au moment de l’accouchement.
Et pour cause !
On y impose bien souvent des techniques, un protocole et un rythme pour accoucher qui est le plus pratique pour le personnel de santé, mais qui ne respecte pas la physiologie de l’accouchement.
Les études sur les accouchements à domicile montrent aussi que c’est une manière de réduire de façon importante le nombre d’interventions médicales sur le corps de la femme – comme l’épisiotomie, l’usage de forceps, ou le recours à une césarienne –, de même que les dommages médicaux subis par la mère (déchirures vaginales accidentelles, infections ou hémorragies) seraient diminués.
Plusieurs études ont également montré que l’usage continu du monitoring du rythme cardiaque du bébé tel qu’il est pratiqué en général à la maternité peut avoir des conséquences néfastes sur le déroulement de l’accouchement.
Non seulement cette pratique ne diminuerait pas les risques, mais elle aurait aussi pour conséquence d’augmenter le nombre d’interventions médicales, comme les césariennes.
Rappelons néanmoins que le fait de donner naissance à la maison n’est pas une décision anodine.
Pour les intéressées, il est essentiel de bien se préparer avec une sage-femme qui pratique l’accompagnement global et les accouchements à domicile.
Elle seule saura vous guider pas à pas dans vos choix de naissance.
👉 Si vous êtes intéressée, le site de APAAD – Association Professionnelle de l’Accouchement Accompagné à Domicile référence les sages-femmes qui proposent cet accompagnement.
👉 Vous trouverez aussi de nombreux récits d’accouchements à domicile inspirants sur cette page.
Notez enfin que l’accouchement à domicile sera certainement refusé si vous souffrez d’hypertension, de diabète gestationnel ou si vous avez eu une hémorragie du post-partum.
Mais dans ces cas, il vous reste d’autres alternatives pour vivre au mieux votre accouchement et vous assurer que votre projet de naissance sera respecté.
Et vous ? Êtes-vous tentée par l’accouchement à domicile ? Avez-vous déjà accouché à la maison ? Quelle a été la réaction de vos proches ? Partagez votre expérience avec la communauté des naturelles mamans dans les commentaires ci-dessous !
Anne-Laure Wright
Sources
(4) https://www.marieclaire.fr/,accouchement-a-domicile,20258,352490.asp
(5) Birthplace in England Collaborative Group; Brocklehurst P, Hardy P, Hollowell J, Linsell L, Macfarlane A, McCourt C, Marlow N, Miller A, Newburn M, Petrou S, Puddicombe D, Redshaw M, Rowe R, Sandall J, Silverton L, Stewart M. Perinatal and maternal outcomes by planned place of birth for healthy women with low risk pregnancies: the Birthplace in England national prospective cohort study. BMJ. 2011 Nov 23;343:d7400. doi: 10.1136/bmj.d7400. PMID: 22117057; PMCID: PMC3223531.
(6) Zielinski R, Ackerson K, Kane Low L. Planned home birth: benefits, risks, and opportunities. Int J Womens Health. 2015 Apr 8;7:361-77. doi: 10.2147/IJWH.S55561. PMID: 25914559; PMCID: PMC4399594.
(7) APAAD – Association professionnelle de l’accouchement accompagné à domicile.
Sécurité et qualité des accouchements assistés à domicile en France : Analyse des données
de 2021 et 2022. Novembre 2020. Rapport 2021-2022 : https://drive.google.com/file/d/1oBcftrhI4rzFhm6yWdaJqEAzrVlIz24j/view
(8) Hutton EK, Reitsma A, Simioni J, Brunton G, Kaufman K. Perinatal or neonatal mortality among women who intend at the onset of labour to give birth at home compared to women of low obstetrical risk who intend to give birth in hospital: A systematic review and meta-analyses. EClinicalMedicine. 2019 Jul 25;14:59-70. doi: 10.1016/j.eclinm.2019.07.005. PMID: 31709403; PMCID: PMC6833447.
(9) Hutton EK, Reitsma A, Simioni J, Brunton G, Kaufman K. Perinatal or neonatal mortality among women who intend at the onset of labour to give birth at home compared to women of low obstetrical risk who intend to give birth in hospital: A systematic review and meta-analyses. EClinicalM
(10) Article dans le journal de la Sage-femme, 2004: http://www.hebamme.ch/x_data/heft_pdf/2004-12-30.pdf
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site de Naturelle maman ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un gynécologue, une sage-femme ou autre professionnel de la périnatalité, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
J’ai accouché mes 2 enfants à domicile. Pour le premier, la sage femme est arrivée plus de 30 minutes après la naissance. Pour le deuxième, 10 minutes après la naissance. Dans le 2 cas, j’ai accouché seule, avec mon mari. Et c’était super beau et épanouissant. Juste incroyable.