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Bonjour et bienvenue chez Naturelle maman !19 mars 2024
Récit d'accouchement sans péridurale sur Naturelle Maman

Julia « La dame warrior qui a accouché sans péridurale malgré un déclenchement »

Parfois on se retrouve dans une situation où rien n’est aligné pour accoucher comme on l’avait imaginé. Et pourtant, il faut le faire, il faut y aller. C’est ce qu’a vécu Julia, déclenchée à 38 semaines à la maternité à cause d’une fissure de la poche des eaux. Son récit d’accouchement puissant et émouvant nous montre qu’il est possible, même quand rien ne se passe comme prévu, de mobiliser ses ressources et de se connecter à son bébé pour l’accueillir dans la douceur et l’amour.

« Je m’appelle Julia, j’ai 40 ans et suis la maman de 2 grands garçons de 10 et 7 ans.

Alors que je rêvais d’avoir un troisième enfant (contrairement à mon mari), c’est la nature qui a décidé et qui nous a fait le plus beau des cadeaux. Un bébé s’est invité dans notre famille, déjouant le contraceptif en place. 

Après un premier accouchement sous péridurale pour notre fils aîné, j’ai essayé pour notre deuxième enfant une naissance naturelle qui n’a pas eu lieu, à ma grande déception.

Je l’ai vraiment vécu comme un échec.

C’était donc une évidence, pour cette grossesse qui serait la dernière, de préparer activement cette naissance que je voulais naturelle et de rejoindre le programme Naissance douce de Naturelle Maman.

Voici l’histoire de mon troisième accouchement

Un matin de janvier, le 22 exactement, alors que je me préparais à emmener mes 2 grands enfants à l’école, j’ai remarqué, comme la veille au soir, comme une petite perte de liquide.

Je suis donc partie en direction de l’école avec mon dossier médical sous le bras afin d’aller ensuite à la maternité pour un contrôle, le tout me faisant traverser Paris en métro de long en large.

Mon mari, surpris de me voir avec mon dossier médical, m’a demandé s’il devait annuler son déplacement en province prévu ce jour-là.

Je l’ai rassuré en lui disant que j’allais à la maternité par acquis de conscience mais que j’étais à 3 semaines du terme et qu’il pouvait partir tranquille.

Me voici arrivée vers 09h30 à la maternité. L’obstétricien qui me suit est de garde ce matin-là. Je suis accueillie par une sage-femme à qui j’explique la situation.

Elle pose un monitoring et m’ausculte. Puis elle fait un prélèvement pour s’assurer que le liquide ressenti ne provient pas d’une fissure de la poche des eaux.

Le test fonctionne comme un test de grossesse. Si une barre rose apparait, alors cela signifie que la poche des eaux est fissurée. Le monitoring est normal et rien n’apparait sur le test.

Mon obstétricien m’invite à revenir dans les semaines qui viennent pour tout signe pouvant annoncer la naissance.

Alors que je me rhabille, la sage-femme interpelle le médecin et lui montre le test sur lequel une très légère coloration rose est apparue, presque invisible, mais signalant la présence de liquide amniotique.

La sage-femme me redemande quand j’ai ressenti pour la première fois un écoulement.

Comme c’est arrivée il y a plus de 48 à 72 heures, le verdict tombe : on doit vous déclencher aujourd’hui, il y a un risque d’infection.

A cette phrase, tout se bouscule dans ma tête : ce n’est pas possible, un déclenchement est incompatible avec une naissance naturelle !

Et les enfants, je n’ai pas organisé leur garde ! Ma valise, je n’ai pas ma valise !

Et mon mari !!! Il est sur la route pour Chartres. Non, non, non ce n’est pas possible !

Pas aujourd’hui, pas maintenant, pas de déclenchement !

Je pose alors mille questions à la sage-femme : Un déclenchement ? Mais quand ? Aujourd’hui ? A quelle heure ? Est-ce obligé ? Pourrai-je aller dans la salle nature ? J’ai besoin d’un peu de temps pour m’organiser.

La salle nature ? « Non Madame, il n’en est pas question. Nous devons vous garder sous monito et perfusion, cela n’est pas compatible avec la salle nature. »

Je m’effondre. Tout s’effondre. Adieu mon accouchement naturel.

Quand me déclenchez-vous ? « Dès que possible. Quand votre mari peut-il être présent ?« 

J’appelle mon mari pour lui dire de me rejoindre à la maternité le plus rapidement possible.

Puis je passe en pleurant quelques appels pour organiser la garde de mes 2 grands garçons.

J’ai besoin de soutien pour digérer cette nouvelle.

Je reprends petit à petit mes esprits.

La naissance aura lieu aujourd’hui, je dois faire en sorte d’accompagner au mieux ma fille, dans cette situation qui s’impose.

Par chance, toutes les femmes qui donnent la vie ce jour sont au bloc pour des césariennes.

Je suis la seule en salle de travail avec une sage-femme qui n’a pas d’autre maman que moi à suivre.

Elle est adorable mais j’ai l’impression qu’elle n’a pas bien saisi l’importance pour moi d’une naissance naturelle, ou du moins la plus naturelle possible. Je réitère alors mon souhait.

A défaut de salle nature et malgré le déclenchement, je ne souhaite pas avoir de péridurale.

Elle souhaite commencer dès que possible les injections d’ocytocine. Je lui demande de décaler au maximum le début afin d’être certaine que mon mari arrive à temps pour me soutenir et assister à la naissance de notre fille.

En l’attendant, je suis seule dans la salle de travail avec un col qui, forcément, n’a pas du tout envie de travailler.

La sage-femme accepte d’attendre un peu puis vient me poser l’aiguille et la perfusion. L’aiguille sur le dessus de ma main me gêne, je ne peux pas plier le poignet. Je demande qu’elle soit décalée, souhaitant être au maximum libre de mes mouvements.

Je demande un ballon, mets en route ma playlist spéciale naissance et commence à visualiser mon bébé pour l’inviter à descendre, je me détends, travaille ma respiration.

J’essaye de faire abstraction de l’élastique du monitoring qui ne cesse de tomber de mon ventre et donc de biper, et de mon manque de liberté de mouvement.

Entre le monito et la perfusion, je dispose d’environ 1,5 mètre de fil pour bouger, c’est peu.

Le temps passe, la sage-femme vient régulièrement, la douleur des contractions est tout à fait gérable. Je ne sens pas grand-chose. Et pour cause, quasiment rien ne se passe.

La sage-femme souhaite augmenter la perfusion, ce qu’elle fait.

Mon mari n’est toujours pas là.

Les contractions commencent à s’intensifier peu à peu.

La sage-femme m’apporte un tapis de yoga et me montre plusieurs positions pour me soulager.

Elle m’ausculte à nouveau, le col s’est à peine ouvert.

Elle m’annonce alors qu’elle va devoir rompre la poche des eaux. Nouveau coup dur.

Je sais que cette manœuvre rend les contractions déclenchées par l’ocytocine de synthèse encore plus difficiles à supporter.

Je lui demande si on peut éviter ou attendre au maximum. On ne peut éviter selon elle, mais elle accepte d’attendre un peu.

Quelques instants plus tard, elle procède à la rupture artificielle de la poche des eaux. Je trouve cette intervention très désagréable.

Mon mari arrive juste après. Je suis rassurée qu’il soit là car cette dernière intervention peut vraiment accélérer le travail. Je commence sérieusement à souffrir.

La sage-femme fait des aller-retours. Elle nous laisse des moments d’intimité, alternant avec sa présence discrète mais efficace.

Elle me masse le bas du dos, ou montre à mon mari comment m’aider à m’étirer à travers le lit pour me soulager, pendant que je suis assise sur le ballon

Alors que nous sommes tous les deux avec mon mari et que je me lève pour marcher un peu, nous sommes pris d’un fou-rire absolument terrible à la vision de la quantité de liquide qui se répand sur le sol suite à la percée de la poche des eaux.

C’est vraiment impressionnant, il y en a partout, je n’en finis pas de me vider !

Mais les contractions me rattrapent et la douleur aussi.

La sage-femme passe une tête, et me dit : « Vous me direz Madame, quand vous voudrez la péridurale.« 

« Ou pas« , répond immédiatement mon mari.

Si je n’avais pas eu si mal, je l’aurais embrassé, lui qui avait tellement insisté pour que je la prenne pour notre second enfant, démuni face à ma douleur. 

De mon côté, je ne réponds même pas.

Je gère comme je peux l’arrivée de chaque nouvelle contraction, je me mets dans ma bulle.

Elles sont très fortes et très rapprochées, me laissant peu de répit.

C’est assise sur le ballon, jambes bien écartées et allongée vers l’avant sur le lit que je me sens le mieux.

La sage-femme masse le bas de mon dos tandis que mon mari étire fort mes bras en avant. Je souffle.

J’utilise ces sons rauques et gutturaux dont Elisabeth parle dans ses vidéos pour gérer la douleur.

C’est presque animal comme cri, je ne me reconnais pas.

J’essaye toujours de visualiser mon bébé qui descend.

Et je garde en tête cette phrase que l’on m’a dite :

« Chaque contraction vous rapproche de la naissance de votre bébé. »

La sage-femme m’ausculte à nouveau : je suis dilatée à 4. Mon Dieu.

Il me semble pourtant être au bout de ce que je peux supporter.

Mon mari, adorable, m’encourage : « C’est bien ma chérie, tu as fait la moitié. »

Je lui réponds, du tac au tac et très sèchement : « Tu ne sais pas compter, toi !!! »

Je calcule rapidement et silencieusement le temps qu’il reste pour arriver à dilatation complète selon le temps que j’ai mis à arriver à 4 cm. Cela me parait insurmontable.

Je me sens incapable de gérer aussi longtemps des contractions d’une telle puissance.

15 minutes plus tard, la sage-femme m’ausculte à nouveau, je suis dilatée à 9cm.

Elle appelle mon obstétricien pour lui dire que la naissance ne va pas tarder, le travail s’est accéléré.

Les contractions sont toujours très fortes, je me tords dans tous les sens.

Mon mari m’aide à me recentrer sur ma respiration, me soutient par sa présence.

Soudain, je ressens cette irrésistible envie de pousser. C’est impétueux, incontrôlable.

La sage-femme m’ausculte, rappelle l’obstétricien, lui dit de venir en urgence, c’est imminent, je suis à dilatation complète.

De 4 à 10 cm, à peine 30 minutes se sont passées.

Elle m’installe sur le lit. L’obstétricien arrive.

A cet instant précis, une montée d’angoisse me submerge. Je croise le regard de mon mari, il me tient fort la main et me demande ce que j’ai. J’ai peur, peur de ne pas y arriver.

« Tu peux le faire, ça va aller. » Pas le temps d’en dire plus.

Mon corps pousse, c’est lui qui décide.

Et j’accompagne ma poussée d’un hurlement qui vient du plus profond de moi et dont tout l’étage a dû profiter.

Je sens passer la tête, puis le corps. 

En deux poussées notre fille est née, on la pose sur moi.

Je suis à la fois tremblante et épuisée mais aussi fière et dans un état de plénitude totale. Un bonheur indescriptible.

récit d'accouchement sans péridurale sur Naturelle Maman

Voici notre petite fille, notre cadeau du Ciel, notre bébé qui s’est invité dans notre vie contre toute attente.

Cette naissance fut bien différente de celle que j’avais imaginée.

Je me suis demandé ce qu’il se serait passé si je n’avais pas prêté attention à ces toutes petites pertes.

Je me suis interrogée sur l’obligation réelle de déclencher la naissance ce jour-là.

Je me suis également interrogée sur la pertinence de ne pas prendre de péridurale lors d’un accouchement déclenché, tant le travail et les sensations sont faussées par les hormones de synthèse.

On ne peut réécrire l’histoire. Les décisions qui ont été prises sont celles qui semblaient justes, à l’instant T.

Et à ce moment-là, il ne m’était pas concevable d’accoucher sous péridurale.

Je suis très fière de moi, d’être allée puiser dans mes ressources et d’abord tenu bon.

Mon choix m’a d’ailleurs précédée dans les étages où le personnel soignant de la maternité m’appelait « la dame warrior qui a accouché sans péridurale malgré un déclenchement ».

Julia

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5 Comments

  1. Iris Reply

    Merci pour ce témoignage. Les mamans ont des supers pouvoirs et vous en faites partis. J’ai accouché d’un 2eme bébé, déclenché à terme +6 à la maternité le 10 janvier sans péridurale alors que notre aînée née à la maison 10 jours avant avait percé la poche des eaux sans contractions. Pour moi la douleur m’a semblé identique. Mais toute naissance est vraiment unique et l’instant T avec les différentes circonstances aussi. Merci d’avoir mis en mot ce moment magique.

  2. Steph2607 Reply

    Bonjour Julia, j’ai 39 ans et rêve d’un dernier enfant alors que mon mari freine des 4 fers. Votre témoignage me touche beaucoup et me donne encore plus envie d’agrandir notre famille et d’offrir ce beau cadeau à mes deux aînés. Peut-être, qui sait, que comme vous l’envie sera la plus forte et que la vie m’offrira ce merveilleux cadeau.

  3. VKO Reply

    Félicitations et Bravo Julia !!! Je vous souhaite beaucoup de bonheur 🙂
    J’ai accouché le mois dernier d’une petite fille, également par déclenchement, mais à 38 semaines en raison d’un retard de croissance. par contre, je n’ai pas eu la perfusion d’ocytocine mais une autre technique et n’ai eu que des contractions supportables, donc sans péri (histoire de rassurer les futures mamans). il faut dire que comparé à la naissance de mon premier, après avoir perdu les eaux 28 heures avant de le sentir sur mon coeur, y a pas photo. J’en avais perdu ma voix tellement j’avais eu mal et sans péri aussi !

  4. Marianne F. Reply

    J’ai aussi été déclenchée et accouché sans péri pour bb2. Je ne remercierais jamais assez la sage-femme qui a vraiment été top, mon chéri qui est allé au-delà de ses peurs lors de lexpulsion de bébé et qui ma soutenu tout le long.

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