Après un déménagement loin de la maternité des Lilas où elle avait aimé accoucher, Sophie souhaitait garder toutes ses chances de vivre un nouvel accouchement physiologique à la maternité. Elle a suivi le programme Naissance douce et nous raconte comment ça l’a aidée à se sentir prête et à garder confiance en son projet de naissance jusqu’à la naissance de sa fille. Découvrez le récit de son accouchement dont elle retient « la magie, l’intensité du moment comme jamais dans ma vie, le pouvoir sur mon corps et sur moi-même, l’harmonie avec mon mari et notre bébé, la fierté d’avoir relevé tant de défis ».
« Je m’appelle Sophie, j’ai 29 ans et je suis mariée à Gustavo. Nous avons deux filles, l’une de quatre ans et demi, la deuxième d’un mois. C’est le récit de naissance douce de notre deuxième fille que j’ai envie de vous raconter ici.
Louise, notre première fille, est née à la maternité des Lilas en Ile-de-France. L’accouchement était très beau, physiologique, sans péridurale.
On a suivi les cours collectifs de préparation à l’accouchement à la maternité qui étaient assez classiques dans leur contenu.
J’étais peu informée théoriquement sur l’accouchement naturel, mais j’avais en moi l’essentiel, transmis par les professionnels de la maternité : la confiance que mon corps savait faire.
Ce premier accouchement a été pour nous un moment magique, très beau, un moment de grande harmonie entre nous trois.
Lorsque je suis tombée enceinte de Sol, on avait en tête cette expérience merveilleuse du premier accouchement, et on voulait vraiment le revivre d’une manière aussi naturelle.
On n’envisageait pas une autre forme d’accouchement.
Mais nous avions changé de région, et on n’avait pas autant de choix de lieux d’accouchement qu’en Ile-de-France…
On s’est renseignés auprès de sages-femmes libérales pour un accompagnement global, mais les dépassements d’honoraires étaient trop élevés pour notre budget, même si la modalité nous semblait très intéressante.
On s’est donc tournés vers les hôpitaux publics, en cherchant dans un rayon raisonnable autour de chez nous celui qui serait le plus à même de nous accompagner dans notre choix d’accouchement naturel.
Pourquoi je me suis inscrite au programme Naissance douce
On savait cependant, en faisant le choix d’accoucher à l’hôpital, qu’il faudrait défendre notre vision de l’accouchement, et donc être bien armés, sûrs de nous et avoir les arguments pour défendre nos souhaits.
C’est dans ce contexte, en découvrant par hasard Naturelle Maman sur Internet, que j’ai décidé de m’inscrire au programme Naissance Douce.
J’avais envie de conscientiser davantage, de théoriser ce que j’avais vécu instinctivement lors de mon premier accouchement, pour pouvoir le vivre encore mieux et défendre ce choix si le besoin se présentait.
J’ai adoré les vidéos avec Elisabeth, la sage-femme du programme. J’en ai visionné certaines plusieurs fois, autant pour le contenu que pour la présence bienveillante et rassurante d’Elisabeth.
J’ai adoré sa personnalité, sa positivité, son ouverture d’esprit, sa douceur.
Quand je me projetais dans mon accouchement, c’était avec sa voix, son regard à côté de moi pour m’encourager et me donner de la force.
Elle m’a vraiment transmis de la confiance en moi et en mon bébé, et de la force en tant que femme.
Arrivée proche du terme, je me sentais non seulement prête à vivre cet accouchement, mais aussi impatiente, excitée, heureuse à l’idée de vivre ce moment !
J’ai hâte de vivre pleinement, en conscience, le travail, les contractions et la rencontre avec mon bébé, que j’ai si bien préparés. Cependant le jour du terme arrive sans qu’il ne se passe rien, puis J+2, puis +3, puis +4.
Je suis avec un zèle sans faille les conseils de Naturelle Maman pour faire venir le travail de façon naturelle, mais je ne ressens que de faibles contractions sans douleur de temps en temps ; autant dire aucun signe de travail engagé.
A mesure que les jours (puis les heures) passent, je sens s’éloigner de moi mon rêve d’accouchement naturel.
Je ne me suis pas du tout préparée à l’éventualité d’avoir un accouchement déclenché, et je suis anéantie à l’idée de devoir en arriver là.
Dans ma tête, déclenchement veux dire abandon de notre projet d’accouchement physiologique : douleurs insupportables avec nécessaire péridurale, en position couchée tout au long du travail, avec le risque d’interventions médicales en cascade et peut-être de césarienne (le pire pour moi !).
Je m’accroche à mon accouchement idéalisé, rêvé, et je ne veux pas le lâcher
Le stress, la pression et le doute montent au fur et à mesure, tout le contraire de la bonne disposition d’esprit que je m’étais créée pendant des semaines.
Je me suis dit : « Toutes ces lectures, toutes ces vidéos, toute cette préparation n’ont servi à rien ! Au contraire, elles m’ont donné tant d’espoir et de projection positive que maintenant que ça se passe différemment, je me sens complètement déboussolée. »
Arrivée à J+4, je dois me résoudre à l’éventualité d’un déclenchement.
Alors que jusqu’à présent le personnel médical de l’hôpital a toujours été très respectueux de notre projet de naissance, dans l’écoute et la bienveillance, nous avons ce jour-là eu un entretien avec un médecin qui nous parle comme à des inférieurs, sans se présenter, sans chercher à comprendre notre dossier, avec des arguments préconçus et alarmistes pour nous contraindre à déclencher immédiatement l’accouchement.
Je me sens acculée, attaquée et jugée dans notre projet d’accouchement naturel
C’est là que tout ce que j’ai appris et lu sur la position de la médecine classique par rapport à l’accouchement naturel me revient : moi qui d’habitude ai du mal à affirmer mes positions, je ne cède pas à la pression et réponds à ce médecin en disant que non, notre souhait est de déclencher seulement à la date prévue par le protocole de la maternité pour le retarder au maximum.
Je dois insister, mais je me suis sentie fière et forte de maintenir mes positions.
Mon mari, même s’il n’a pas en tête toutes les informations que j’ai engrangées pendant ces mois, m’a soutenue.
Après ce rendez-vous, je suis vidée, découragée, déçue et j’ai peur.
Le rendez-vous est fixé au lendemain pour un déclenchement.
Je redoute cette intervention et d’autres possiblement derrière, je m’accroche à mon rêve d’accouchement naturel et ne veux pas le lâcher… Je pleure beaucoup ce jour-là.
J’ai fait tant d’efforts (y compris 15km de marche rapide la veille et des litres et des litres de tisane de feuilles de framboisier ingurgitées), tout ça pour rien !
C’est mon mari qui m’aide à changer de posture.
Il est aux petits soins pour me remonter le moral et me redonner du courage dans notre choix d’accueillir notre fille dans les meilleures conditions possibles.
Nous prtons marcher ensemble dans la campagne, une belle balade de 10 km.
Il m’encourage à continuer les efforts pour essayer de faire venir notre enfant naturellement car il reste encore quelques heures avant le lendemain.
Il nous a prépare un dîner aux chandelles en amoureux et ça me détend vraiment.
Un changement s’opère alors dans mon esprit : j’accepte le déclenchement, j’accepte que mon accouchement se passe différemment de ce que j’avais rêvé, et je décide de me préparer au maximum pour que, malgré les interventions qui me seront proposées, notre choix d’accouchement physiologique soit respecté au maximum.
Je me renseigne à fond sur les méthodes de déclenchement, et sur les conditions d’accouchement naturel avec ces différentes méthodes.
Arrivés le lendemain à la maternité, on est prêts : prêts à vivre un accouchement différent du premier, prêts à défendre nos choix autant que possible, et prêts à sauter dans l’inconnu et l’imprévu.
Avant de passer la porte de la maternité, je dis à mon mari : « Tu restes avec moi, hein ? ».
Sa présence soutenante et réconfortante a été déterminante pour vivre l’expérience qu’on a vécue.
Dès notre arrivée, nous sommes reçus par deux sage-femmes à l’écoute et réconfortantes
Stressés que nous étions, elles nous mettent en confiance et nous rassurent en nous expliquant clairement les prochaines étapes et les choix qui s’offrent à nous.
Elles nous permettent de choisir de manière éclairée la méthode de déclenchement que nous souhaitons, en accord avec notre projet de naissance.
Je ne remercierai jamais assez la sage-femme qui a argumenté auprès du médecin pour nous administrer un tampon de prostaglandines au lieu de la perfusion d’ocytocine, qui aurait été la méthode utilisée au vu de l’état de maturité de mon col.
Mais grâce à notre fermeté dans nos choix et à la bienveillance et l’ouverture de cette sage-femme, nous avons pu être déclenchés via une méthode plus douce et plus respectueuse du processus naturel de l’accouchement.
La sage-femme a évoqué le respect de notre projet de naissance pour soutenir cette méthode.
C’est là qu’on s’est rendus compte à quel point le choix de la maternité compte ! … et la sage-femme sur laquelle on « tombe » le jour J.
J’ai aussi compris que derrière le terme « déclenchement » qui fait souvent peur, il y a plusieurs types d’intervention médicale, plus ou moins douces.
C’est important de démystifier tout ça et de savoir comment ça fonctionne pour pouvoir faire des choix en accord avec nos convictions.
Et ainsi commence l’aventure du travail de l’arrivée de Sol : la sage-femme décolle les membranes de l’utérus et nous administre un tampon de prostaglandines vers 10h du matin. Son optimisme quant au déclenchement du travail suite à ces interventions me rassure et me calme.
Comme je l’avais fait les jours précédents, je marche d’un bon pas autant que je peux tout autour de la maternité, je monte et descends les escaliers du service… Je ne rentre dans la chambre que pour effectuer les monitoring requis, pendant lesquels j’ai demandé à pouvoir être mobile : je suis debout, je me dandine et me trémousse, je fais des exercices sur le ballon. Que du mouvement donc !
Je me mets dans un posture positive en écoutant des musiques que j’aime, en chantant à tue-tête. Le grand soleil de ce jour-là me fait du bien et je me remplis des ondes positives qu’il m’apporte. Vers 16h, les contractions régulières arrivent, enfin !
Ces contractions tant attendues sont là, on est tellement heureux !
Je me sens si joyeuse et excitée à l’idée que, dans quelques heures, notre bébé sera là ! Je partage cette joie avec mon mari, on est unis, il m’accompagne dans mes balades autour de l’hôpital et lors des monitoring.
On se sent heureux et sereins. Je continue à bouger, à marcher, à danser – je ne cesserai pas de le faire jusqu’à la naissance de Sol.
Les contractions s’intensifient et se rapprochent petit à petit ; j’ai l’impression que ça va vite !
Alors qu’il y a quelques heures à peine je me demandais si on allait voir bébé aujourd’hui ou demain, maintenant plus de doute : elle naîtra avant minuit !
Vers 19h, nous sommes en train de manger, et les contractions commencent à être douloureuses. Je dois m’interrompre et me concentrer lors du passage de chacune d’elles.
Comme je l’avais fait spontanément lors du travail de ma première fille, je fais des sons graves qui m’aident à gérer la douleur et à concentrer mon énergie. Je continuerai ces sons jusqu’à la dernière contraction quelques heures plus tard.
Avec mon mari, on continue notre mise en joie pour accompagner la descente de bébé : il met de la musique douce, mais j’ai envie d’une musique rythmée, joyeuse, dansante, pleine de bonnes énergies.
On met des musiques solaires, du reggae, funk, musique brésilienne et autres, à fond dans notre chambre de maternité.
On se met à danser tous les 3, comme jamais on n’avait dansé avant !
Je me sens joyeuse, forte, positive, pleine d’énergie. Je m’arrête à chaque contraction pour la vivre pleinement, en concentration.
Je continue les sons graves et je fais de grandes respirations. Les contractions montent en intensité et en fréquence bien plus vite que je ne l’aurais pensé !
Je dis à mon mari la douleur que je ressens sur une échelle de 1 à 10. J’arrive à 8, mais j’étais loin de me douter que la douleur que j’allais ressentir moins d’une heure plus tard allait largement dépasser les 10 ! Je me déshabille car j’ai vraiment trop chaud.
On change de position, on fait un peu de ballon. Mon mari me masse les cuisses et je me mets en suspension sur ses jambes.
J’ai envie de me mettre à quatre pattes ; on passe sur le lit.
La douleur est très forte. Je sers fort le matelas avec mes mains à chaque contraction, ça m’aide à vivre la douleur.
Je commence à sentir bébé qui descend, j’ai une légère envie de pousser
Je le dis à mon mari. La sage-femme arrive à ce moment-là, elle voit qu’on est bien avancés, et nous propose de passer en salle nature. Je traverse le couloir avec une serviette autour de la taille, tant bien que mal, entre deux contractions.
Je n’ai que très peu conscience du monde autour déjà, je suis dans ma bulle. C’est mon mari qui communique avec la sage-femme car je ne suis plus capable de répondre, même si j’entends encore ce qu’elle dit.
Nous arrivons en salle nature à 21h45 ; je me mets à quatre pattes au pied du lit, je plie le matelas de toute la force de mes bras pour supporter la douleur. Je pense que je ne vais pas y arriver, que je ne vais plus supporter.
J’avais dit en amont à mon mari que j’aimerais vivre une partie des contractions dans la baignoire, pour me détendre et soulager la douleur ; il le demande à la sage-femme qui me fait couler un bain. Je m’y glisse entre deux contractions.
La présence soutenante, encourageante et énergique de mon mari est essentielle : lorsque le bain est prêt, il me dit d’une voix ferme : « On y va maintenant ! »
Je le suis, en totale confiance. Il prend complètement les choses en main vu que je ne suis plus du tout en mesure de le faire.
C’est lui qui communique avec la sage-femme, selon ce qu’il pense juste ou bien lorsque j’arrive à lui dire (ou plutôt à ce stade lui crier entre deux souffles) ce dont j’ai besoin.
Dans la baignoire, l’eau chaude me fait du bien même si j’ai mal comme jamais auparavant. Je crie à mon mari de garder la douche d’eau chaude sur le bas de mon dos.
J’essaye de lui mordre le bras (la seule chose qui est à ma portée à ce moment-là) mais il a la présence d’esprit de le retirer avant d’avoir le bras en sang.
Je sens une envie de pousser toujours plus forte
Je touche mon sexe, mon anus, mon clitoris, et ça me soulage entre deux contractions. Je sens l’ouverture qui arrive, je touche cette partie de mon corps et je me sens maîtresse de mon corps, maîtresse de mon accouchement.
Lors de l’accouchement de ma première fille, à ce stade j’étais en position gynécologique, les pieds dans les étriers, une sage-femme qui aidait bébé à sortir.
Ici je suis accroupie, sans matériel médical, juste nous 3, et c’est exactement comme ça que je l’avais voulu. Je dis à mon mari que j’ai envie de pousser, et il appelle la sage-femme.
Elle m’examine le col et me dit sur un ton un peu désolé « Non madame, pour moi on est encore à 6 cm pas plus. »
Je le prends comme un coup de massue, je suis déçue de n’en être que là car je ne supporte plus la douleur, et je suis aussi dans l’incompréhension car j’ai tellement envie de pousser, je sens que mon bébé est là tout proche !
La douleur et l’intensité des contractions ne me laissent pas le temps de trop penser à tout ça, je continue de me concentrer. Mais j’ai tellement envie de pousser, que je dis à mon mari « Je suis désolée, je pousse !!« .
Alors je pousse, je touche mon anus et des selles en sortent. Je ne m’alarme pas car je sais que c’est normal.
En revanche, je touche mon vagin et je sens quelque chose de dur, et je crie « C’est quoi ça ???« .
En fait, je sais que c’est la tête de mon bébé. Mais c’est la phrase qui me vient puisqu’on m’a dit il y a quelques minute à peine que je n’étais qu’à 6 cm de dilatation…
Mon mari appelle la sage-femme, tout s’agite autour de moi, elle vide le bain, je continue à pousser et tout à coup j’entends crier « Y a la tête y a la tête !!! » et « Poussez madame poussez !!!« .
Je pousse de toutes mes forces, ça me fait du bien de pousser, ça soulage la douleur.
Et là je sens mon bébé qui passe, qui sort, ça n’est pas douloureux du tout. Je suis à quatre pattes dans la baignoire vide.
Les sages-femmes attrapent mon bébé par derrière moi
Sol est née à 22h35. C’est allé tellement vite que la sage-femme n’a pas eu le temps de mettre des gants.
Je n’en reviens pas de ce qu’on a fait. On l’a fait !!!
J’ai le cordon qui passe entre mes jambes. Je veux me retourner pour prendre mon bébé dans mes bras mais je ne peux pas, je dis aux sages-femmes en pleurant et riant en même temps « Je peux la voir ???!!! ».
Le cordon est coupé, je me retourne et prends mon bébé qui pleure dans mes bras.
Je suis bouleversée, je tremble de bonheur et d’intensité émotionnelle.
Ma petite (grande) victoire : je n’ai eu aucune déchirure !
Alors que j’en avais eu pour mon premier accouchement.
Je me sens tellement fière. Merci aux massages du périnée et à la position d’accouchement à quatre pattes !
Ce qui me reste de cet accouchement : la magie, l’intensité du moment comme jamais dans ma vie, le pouvoir sur mon corps et sur moi-même, l’harmonie avec mon mari et notre bébé, la fierté d’avoir relevé tant de défis.
Je ne remercierai jamais assez Elisabeth pour la fabuleuse préparation qu’elle m’a permis de vivre grâce au programme Naissance douce… et les équipes de la maternité, et bien évidemment au top du top mon mari et mon bébé ! »
Sophie
Votre accouchement approche et vous ne vous sentez pas prête ?
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Waouw! J’en ai des frissons! Quel récit magique!