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Bonjour et bienvenue chez Naturelle maman !18 mars 2024

8 moyens simples d’éviter les déchirures pendant votre accouchement

Les déchirures font partie des craintes les plus fréquentes des femmes enceintes avant l’accouchement. Pour certaines, l’idée occasionne une peur panique. D’autres la voient comme une fatalité. Pourtant, il est possible de limiter les risques de déchirures et a fortiori d’épisiotomie en suivant ces quelques conseils simples. Certaines de ces méthodes de prévention peuvent être appliquées avant votre accouchement, tandis que d’autres seront à mettre en pratique pendant le travail et au moment des poussées. Voici comment procéder. 

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Les déchirures surviennent dans 20 à 60% des accouchements (1), mais ce taux varie beaucoup selon les conditions d’accouchement : plus la physiologie est respectée, plus on laisse faire le corps, et moins on risque une déchirure.

À l’inverse, certaines interventions médicales comme la ventouse ou les forceps et la poussée dirigée en position gynécologique augmentent le risque d’être déchirée.

Les déchirures touchent généralement le vagin, la vulve et le périnée. Ce sont des lésions peu graves qui cicatrisent en quelques jours à quelques semaines après l’accouchement avec des soins adaptés et ne laissent pas de séquelles aux femmes qui viennent d’accoucher.

Plus rarement, elles touchent le col de l’utérus et le sphincter anal et nécessitent des soins médicaux particuliers. 

Les déchirures sont classées en 4 degrés par le corps médical : allant de la simple éraillure de la couche supérieure de la peau à une déchirure profonde des muscles du périnée jusqu’au rectum.

Mais nous parlerons essentiellement dans cet article des déchirures superficielles, de loin les plus courantes, et des meilleurs moyens de les prévenir. 

Prenez conscience des capacités de votre corps

Les femmes qui ont déjà accouché le savent. Le déroulement de votre accouchement se joue bien sûr sur votre préparation physique et mentale et l’accompagnement que vous recevrez, mais aussi sur votre état d’esprit, la confiance que vous avez dans les capacités de votre corps à mettre au monde votre enfant.

« La plupart des femmes sont parfaitement équipées pour donner naissance sans la moindre blessure, si on leur accorde la préparation, l’accompagnement, l’atmosphère et le respect dont elles ont besoin », affirme Ina May Gaskin, sage-femme américaine auteure de l’incontournable Guide de la naissance naturelle, reconnue pour avoir accompagné de manière physiologique plus de 2000 accouchements au sein The Farm, le lieu de naissance qu’elle a créé dans le Tennessee aux Etats-Unis.

Le périnée est fait pour se détendre et s’écarter, il est composé de tissus élastiques qui cicatrisent facilement.

Lorsque la femme est soutenue, encouragée, dans des conditions où son corps peut produire de l’ocytocine et où le processus physiologique de l’accouchement se déroule sans perturbation, lorsque son intimité est préservée et qu’elle peut donner naissance à son enfant dans la position qui est la plus confortable pour elle, les déchirures ne sont pas si fréquentes, le plus souvent superficielles, et peuvent la plupart du temps cicatriser sans suture. 

À l’inverse, si la femme qui enfante est prise de peur et de panique, ses muscles sont tendus, ses tissus crispés, et la déchirure a d’autant plus de chance de se produire et d’être importante.

Ina May Gaskin explique que, dans beaucoup de cultures, certaines représentations de femmes avec un vagin démesuré ont pour fonction d’encourager les jeunes femmes et de les rassurer sur les capacités de leur corps à donner naissance, par exemple les sheela-na-gig dans la culture irlandaise.

La préparation mentale et la déconstruction des peurs seront donc une première étape à franchir pour prévenir le risque de déchirure pendant votre accouchement.

Une statuette de Sheela-na-Gig créée par Jan Campbell Art

Comment préparer votre périnée pendant la grossesse ?

On peut cependant aussi donner des conseils plus concrets, à commencer par l’hygiène de vie : faire de l’exercice tout au long de la grossesse permet de favoriser la circulation sanguine et donc l’élasticité de la peau.

Bien s’hydrater et avoir une alimentation nutritive qui inclut de bonnes graisses, en particulier les oméga-3, permet aux tissus d’être souples, de s’étirer et de cicatriser facilement le cas échéant. 

Des exercices d’assouplissements et de renforcement du périnée

En ce qui concerne l’exercice, on peut renforcer son périnée par des exercices doux comme ceux proposés par Bernadette de Gasquet, médecin, professeure de yoga et autrice de Bien-être et maternité.

Ces exercices permettent à la fois de préserver ce muscle qui est si sollicité pendant toute la grossesse, et de le préparer en vue de l’accouchement, puisqu’il s’agit aussi bien de le tonifier que de le détendre.

Soyez attentive à votre posture debout

De Gasquet conseille de commencer par faire attention à sa posture : lorsqu’on est enceinte, on a tendance à se cambrer, ce qui fait porter tout le poids de l’utérus et du bébé sur un périnée relâché.

Elle explique comment corriger la position debout :

✔️ écarter légèrement les jambes à la largeur du bassin

✔️ faire reposer le poids du corps sur l’avant du pied

✔️ tourner très légèrement les genoux vers l’extérieur (sans bouger les pieds) en contractant le périnée : vous allez sentir votre bassin basculer vers l’avant (rétroversion du bassin), vos fesses se rentrer, et votre périnée se mobiliser dans un mouvement qui va du sacrum au nombril.

Dans cette position, la cambrure du dos est effacée et le périnée est tonique, il soutient facilement le poids de l’utérus. Si vous prenez garde à vous tenir ainsi quand vous êtes en station debout et quand vous marchez, cela va tonifier en douceur votre périnée.

Apprenez à pratiquer la fausse inspiration thoracique

La fausse inspiration thoracique permet à la fois de mobiliser le périnée et les abdominaux profonds. Cet exercice, qui est très utile aussi en rééducation après l’accouchement, peut se faire couchée sur le dos ou le côté, à quatre pattes, assise :

✔️ En position allongée sur le dos : posez bien votre colonne vertébrale au sol, pliez les genoux et décambrez en effectuant une antéversion du bassin.

✔️ Expirez doucement en contractant votre périnée, comme pour le remonter vers le nombril.

✔️ Évacuez tout l’air de vos poumons en rentrant le ventre.

✔️ Quand vous avez fini d’expirer, bloquez votre respiration en vous pinçant le nez et faites comme si vous inspiriez. Vous allez sentir votre ventre se rentrer

✔️ Relâchez tout doucement en inspirant.

✔️ Recommencez l’exercice 2 ou 3 fois.

Mobilisez votre périnée avec des demi-ponts

Le demi-pont permet de mobiliser le périnée (et de détendre la nuque !) :

✔️ En position allongée sur le dos : posez bien votre colonne vertébrale au sol, pliez les genoux.

✔️ En expirant, contractez le périnée pour effectuer un mouvement de rétroversion du bassin et soulever votre sacrum vers le ciel : c’est le mouvement de contraction du périnée qui doit entraîner le mouvement du bassin vers le haut.

✔️ Soulevez les fesses le plus haut possible et tirez les bras vers les pieds pour libérer la nuque.

✔️ Maintenez la position en soufflant doucement.

✔️ Redescendez doucement en déroulant la colonne vertèbre par vertèbre.

Illustration extraite du guide de préparation à la naissance des HUG.

Faites des alternances de dos creux et dos rond

Alterner dos creux et dos rond pour étirer le dos tout en sollicitant correctement le périnée :

✔️ Se positionner correctement à quatre pattes, dos creux : les mains le plus loin possible en avant, le poids du corps sur les genoux, les fesses légèrement en arrière.

✔️ Creusez le haut et le bas du dos, tirez les épaules en arrière, redressez la tête.

✔️ En expirant, commencez à enrouler le bassin en partant du périnée (c’est lui qui initie le mouvement). La tête reste levée, les épaules en arrière.

✔️ Quand vous ne pouvez plus arrondir ainsi le bas du dos tandis que le haut reste creux, alors arrondissez le milieu puis le bas du dos, vertèbre par vertèbre. Enfin, arrondissez les épaules en les tirant vers l’avant (tout en gardant les fesses en arrière), passez sur le bout des doigts et laissez la tête s’enrouler.

✔️ Respirez et repartez dans l’autre sens : on creuse d’abord le bas du dos et on termine par la tête. C’est toujours le périnée et le bassin qui doivent initier le mouvement. Les fesses doivent toujours rester en arrière des genoux.

Comment masser votre périnée pendant vos dernières semaines de grossesse ?

Comment faire le massage du périnée
Illustration extraite du Guide du massage du périnée édité par Weleda.

Pour préparer son périnée, on peut également le masser pendant les dernières semaines de grossesse pour préserver son élasticité.

Selon quatre études (2), le massage du périnée diminue les taux d’épisiotomie et les douleurs périnéales en post-partum mais il semble difficile de déterminer s’il a une incidence significative sur les déchirures.

Cependant, il permet de se familiariser avec son corps et de prendre confiance dans sa capacité à s’étirer.

Comme en témoigne Anne-Laure, certains points peuvent être douloureux au toucher : “Ici je mettais la jambe sur mes wc, il n’y avait que comme ça que j’y parvenais. Après la douche, bien détendue et en respirant parce que oui c’est pas très agréable surtout que l’objectif est d’assouplir donc faut y aller en douceur certes, mais y aller quand même. Je me limitais à 5 minutes de massage, pas plus. Et j’ai eu accouchement par voie basse sans péri, sans épisio et sans déchirure (1er bebe)

Procédez en douceur, sans jamais vous faire mal, et restez bien à l’écoute de vos sensations.

En plus des bienfaits du massage sur l’élasticité des tissus, le fait de vous familiariser avec l’ensemble des muscles de votre périnée va vraiment vous aider le jour de votre accouchement car vous arriverez plus facilement à visualiser où se trouve votre bébé.

Voici comment masser votre périnée à partir de 37 semaines de grossesse

À partir de la 37e semaine de grossesse, vous pouvez vous masser 2 à 4 fois par semaine, en procédant de la façon suivante :

1) Après avoir lavé vos mains, utilisez une serviette humide et chaude pour assouplir la zone pendant quelques minutes. Vous pouvez aussi vous masser après avoir pris une douche ou un bain.

2) Appliquez de l’huile de massage sur le bord externe du vagin, du côté de l’anus.

3) Insérez le pouce dans le vagin, le reste de la main dirigée vers le bas.

4) Etirez doucement les tissus vers l’anus, laissez vos tissus s’étirer une minute : vous pouvez ressentir une sensation d’étirement mais cela ne doit pas faire mal.

5) Déplacez doucement votre pouce vers les côtés du vagin, d’un côté puis de l’autre, toujours en étirant les tissus vers le bas, comme si vous passiez votre pouce à l’intérieur d’un bol.

6) Continuez pendant 3 à 5 minutes.

Epi-No, un dispositif qui semble faire ses preuves mais qui reste controversé

efficacité epi-no accouchement

EPI-NO, qui vient d’Allemagne, est un dispositif consistant à gonfler progressivement dans son vagin un ballonnet en silicone relié à une pompe manuelle, qui permettrait d’éviter déchirures et épisiotomies en assouplissant le périnée. 

Cette technique est controversée. Elle n’est pas recommandée par le CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français) qui estime qu’elle est inefficace.

Les études menées sont insuffisantes pour démontrer un effet sur les taux de déchirure, même si certaines semblent indiquer une réduction significative du taux d’épisiotomie.

Leurs résultats sont contradictoires puisqu’elles analysent des paramètres différents et se basent sur différentes méthodes d’utilisation de l’EPI-NO (3).

Il est pourtant recommandé par de nombreuses sages-femmes qui le recommandent aux femmes enceintes qui redoutent particulièrement d’être déchirées, avec des résultats encourageants.

Comme en témoigne Mara qui a utilisé le dispositif Epi-no sur les conseils de sa sage-femme pendant son dernier mois de grossesse :Je l’ai utilisé pour ma première et unique fille. Ça a marché. Zéro point, zéro déchirure. Par contre, il faut le faire tous les soirs et ce n’est pas glamour. Mes copines auxquelles je l’ai conseillé, ça a aussi marché. J’ai dû quand même le couvrir avec une capote sans latex car il irritait la peau.

Même constat pour Juliette : “Utilisé peu de temps mais en 5 séances j’arrivais à 8,5cm de dilatation. Premier accouchement voie basse, accouchement super rapide et périnée intact… pas senti le cercle de feu… ça m’a en tout cas bien rassuré psychologiquement car je me sentais prête sur tous les plans.”

Ou encore Marie : “Je l’ai utilisé en étant guidée par une kiné les quatre derniers mois et je n’ai pas senti la tête passer (pourtant périmètre crânien en haut des courbes) sans péridurale, pas de déchirure et rééducation du périnée rapide. Après est ce que c’est grâce à l’épi-no je ne saurai jamais…:) mais j’ai bien fait à chaque séance d’abord 5 minutes de contractions du périnée.”

Cependant, certains professionnels de santé soulèvent une évaluation insuffisante des effets de l’utilisation de l’EPI-NO sur l’état du périnée en post-partum.

Il est donc difficile de savoir si l’EPI-NO contribue sur le long terme à renforcer ou à affaiblir le périnée, car pour l’instant trop peu d’études ont été réalisées à ce sujet.

Fabienne Roland, formatrice en yoga pré et post natal selon la méthode de Gasquet, souligne aussi que l’usage de l’EPI-NO est loin d’être physiologique (4) : lors de l’accouchement, les hormones sécrétées par le corps de la femme permettent aux tissus de se dilater et de s’étirer avec le minimum de blessures.

Mais l’EPI-NO est par définition utilisé en dehors de ce contexte hormonal : son utilisation risque de provoquer des déchirures internes parce qu’il n’y a pas d’hormones qui facilitent la dilatation au moment où il est utilisé.

Enfin, on peut s’interroger sur la pertinence d’un dispositif coûteux (aux alentours de 150 euros) alors que le massage régulier du périnée semble apporter des résultats tout aussi prometteurs sur la diminution du risque de lésions du périnée, et permet aux femmes d’apprivoiser leur corps sans leur donner l’impression que le bon fonctionnement de celui-ci dépend d’un dispositif technique.

Comment protéger votre périnée pendant l’accouchement ?

La position allongée sur le côté permet de préserver le périnée pendant les poussées.

En limitant le nombre d’interventions

Le moyen le plus efficace de limiter les risques de déchirures est cependant de limiter les interventions médicales, qui entraînent souvent une cascade d’interventions.

Ainsi, l’utilisation de la péridurale est un facteur favorisant les déchirures (5).

D’abord parce qu’elle augmente la durée de la deuxième phase du travail.

Or, plus la poussée est longue, plus on augmente le risque de déchirure, car cela fragilise le périnée qui peut s’œdématiser. 

Ensuite la péridurale, notamment parce qu’elle oblige le plus souvent à pousser en position gynécologique, augmente les risques d’extraction instrumentales par ventouse ou forceps (6), qui à leur tour augmentent le risque de déchirure.

La sortie rapide et brutale du bébé ne laisse pas aux tissus le temps de s’étirer, et l’utilisation des forceps exige un étirement supplémentaire du périnée – par ailleurs, les extractions instrumentales donnent fréquemment lieu à des épisiotomies.

Enfin, une autre intervention médicale à limiter pour éviter les déchirures : les touchers vaginaux à répétition, qui contribuent à fragiliser le périnée (7).

En respectant la temporalité des processus physiologiques de l’accouchement

Comme évoqué plus haut, le respect des processus physiologiques et de leur temporalité propre est fondamental pour éviter les déchirures.

Et cela peut impliquer une bonne dose de patience, dont l’accompagnement en maternité fait souvent cruellement défaut, faute de personnel et de place suffisante pour respecter la physiologie des naissances.

Une fois que le col est à dilatation complète, il se produit souvent une phase de latence pendant laquelle les contractions diminuent en fréquence et en intensité, ce qui permet à la mère de reprendre ses forces et au bébé de descendre tranquillement dans le bassin.

Malheureusement dans la majorité des maternités, on prend souvent cette phase de latence pour une stagnation et on fait pousser trop tôt, alors que le bébé n’est pas suffisamment descendu et que l’envie de pousser ne s’est pas encore faite sentir.

Or une poussée prématurée sera moins efficace et plus longue, et une poussée longue augmente le risque de déchirure, parce qu’elle fatigue le périnée et peut provoquer un oedème, surtout si on pousse vers le bas, comme c’est souvent recommandé par les sages-femmes en maternité.

Bernadette de Gasquet, dans Bien-être et maternité, insiste sur le fait que, sans péridurale, il est préférable d’attendre le réflexe d’expulsion pour préserver le périnée lors de la poussée ; et sous péridurale, d’attendre que la bébé soit bien descendu dans le bassin.

Elle souligne que, même sous péridurale, lorsqu’on attend suffisamment longtemps, les femmes ressentent souvent que le bébé franchit les épines sciatiques (le détroit inférieur du bassin), elle dit qu’elles se tortillent ou portent leur main à la vulve. C’est ce moment qu’il faudrait attendre pour commencer la poussée.

En trouvant la position qui vous convient pendant la phase d’expulsion

Il faut à tout prix éviter la position gynécologique, qui augmente de manière très significative les risques de déchirure (et d’extraction instrumentale, et d’épisiotomie).

Les sage-femmes ont l’habitude de vous installer dans cette position pour pousser, mais ça n’a rien d’obligatoire, vous avez le droit d’adopter la position qui vous convient le mieux !

Même sous péridurale, on n’est pas contrainte d’adopter cette position : on peut pousser allongée sur le côté (avec la jambe supérieure relevée le plus haut possible), position qui augmente significativement le taux de périnée intact (8), et qui est plutôt bien connue en maternité.

On peut également aménager la position gynécologique, comme le propose de Gasquet : le bassin est en rétroversion grâce à un coussin placé sous le bas des fesses qui permet au sacrum d’être dans le vide et de pouvoir s’écarter pour laisser passer le bébé, les genoux sont plus rapprochés que les chevilles pour écarter le détroit inférieur du bassin, la tête n’est pas relevée mais appuyée en arrière pour s’étirer, les mains poussent sur les genoux plutôt que de tirer sur les cuisses, pour permettre l’étirement du dos, l’engagement des abdominaux et libérer la respiration.

Si vous n’êtes pas sous péridurale, le mieux est d’adopter la position qui vous est la plus confortable, c’est généralement celle dont votre corps a besoin.

Pour l’expulsion, on peut choisir une position qui favorise la gravité, associée à une suspension pour alléger la pression exercée sur le périnée : Bernadette de Gasquet explique ainsi qu’il y a beaucoup plus de risques de déchirure en position simplement accroupie qu’en accroupi suspendu.

Les positions suspendues, debout ou accroupie, permettent donc de faire jouer la gravité tout en préservant le périnée, parce qu’elles favorisent l’étirement de la colonne vertébrale.

Une des meilleures manières de préserver le périnée des déchirures, est également d’avoir une poussée efficace : il faut surtout éviter de pousser vers le bas en bloquant son souffle – c’est pourtant le type de poussée qui est souvent recommandé par les sage-femmes lors d’une poussée dirigée.

Mais ce type de poussée exerce une énorme pression supplémentaire, entrave l’oxygénation de la mère et donc du bébé, et peut vite être épuisante.

Or ce type de poussée est souvent associée à une poussée précoce : elle devient inutile si l’on attend la survenue du réflexe d’expulsion naturel.

Ce réflexe consiste en une contraction simultanée et très puissante des abdominaux et de l’utérus, qui fait remonter l’utérus et « démoule » le bébé, comme l’explique le docteur de Gasquet.

C’est un réflexe, donc il se produit spontanément si l’on respecte le processus physiologique de l’accouchement.

Il est déclenché à la fois par la décharge d’adrénaline qui survient au moment de l’expulsion et par la pression exercée par la tête du bébé sur les épines sciatiques (détroit inférieur du bassin) : pour favoriser la survenue de ce réflexe, il faut donc laisser au bébé le temps de descendre dans le bassin, et surtout ne pas faire pousser trop tôt, car cela l’inhibe.

Lorsque survient le réflexe d’expulsion, la poussée bloquée devient inutile : il suffit d’accompagner les contractions spontanées de l’utérus en soufflant doucement

Si le réflexe d’expulsion ne survient pas et qu’il est urgent de faire sortir le bébé, ou si l’on est sous péridurale (celle-ci inhibe généralement le réflexe d’expulsion), il faut pratiquer une expiration freinée plutôt qu’une poussée bloquée.

L’expiration freinée permet d’engager les abdominaux et donc de redoubler l’efficacité des contractions sans pousser vers le bas. Au contraire, on remonte le diaphragme et l’utérus vers le haut pour laisser sortir le bébé.

Pour faciliter l’expiration freinée, vous pouvez souffler par exemple dans un winner flow ou (comme me l’avait enseigné une sage-femme !) dans un macaroni !

A défaut, on peut fermer presque entièrement la bouche avec le poing.

Favoriser la détente et l’élasticité des tissus

Pendant la deuxième phase du travail, on peut appliquer des compresses chaudes sur la vulve pour détendre les tissus et améliorer leur élasticité.

Une étude a démontré que l’utilisation de compresses chaudes réduit l’apparition de déchirures du 3e et 4e degré (9).

On peut aussi faire une partie ou tout le travail dans l’eau (sachant que seules certaines maternité acceptent que la phase d’expulsion se fasse aussi dans l’eau) : cela permet également de réduire l’usage de la péridurale en rendant plus supportable l’intensité des contractions, et de favoriser la détente musculaire (un périnée tendu par la douleur et la fatigue se dilatera moins facilement).

Certaines sage-femmes pratiquent un massage périnéal (semblable à celui que vous pouvez pratiquer durant la grossesse) pendant la deuxième phase du travail, ce qui permettrait de réduire le risque de déchirure (10).

Mais laisser quelqu’un envahir votre intimité en ce moment si particulier est contraire aux besoins de la femme qui enfante : le respect du besoin de sécurité et d’intimité permet aux processus physiologiques de suivre leur cours (production d’ocytocine, survenue du réflexe expulsif…) comme le souligne Michel Odent dans Le bébé est un mammifère

À la place, vous pouvez prendre les choses en main, comme y invite Ina May Gaskin : elle souligne que les organes sexuels des femmes peuvent se dilater et s’élargir de la même manière que le font ceux des hommes, mais que de même cela suppose un engorgement des tissus.

L’afflux sanguin dans les tissus qui se produit lors d’une excitation sexuelle leur permet en effet de se distendre sans blessure.

Ainsi, elle explique qu’embrasser son/sa partenaire et/ou stimuler le clitoris permet non seulement de favoriser la production d’ocytocine pendant le travail, mais encore de favoriser l’élasticité des tissus et la dilatation du vagin au moment de l’expulsion.

Enfin, lorsque la tête du bébé passe par la vulve, on ressent souvent une sensation de brûlure appelée le cercle de feu : cette sensation vous indique de ralentir et de laisser le corps pousser le plus lentement possible pour que les tissus aient le temps de s’étirer.

Il ne faut ni forcer, pousser vers le bas pour « en finir », ni retenir la poussée, mais au contraire essayer de détendre le périnée en soufflant doucement.

Détendre la bouche et la mâchoire permet de détendre l’ensemble des sphincters et le périnée lors de l’expulsion du bébé, et donc de limiter les déchirures.

Bien sûr, tous ces conseils doivent être adaptés en fonction de la situation dans laquelle vous accouchez et de la manière dont se déroule votre accouchement.

Mais le plus important est de garder en tête que votre corps est fait pour donner naissance à votre enfant, et d’avoir confiance en ses capacités ! Et pourquoi pas emporter avec vous pour votre accouchement une image de sheela-na-gig ?

Et vous ? Est-ce que vous avez eu une déchirure pendant votre accouchement ? Est-ce que vous vous êtes préparée pour ne pas être déchirée ? Avez-vous massé votre périnée pendant votre dernier mois de grossesse ? Qui vous a conseillée ? Partagez votre expérience avec la communauté des naturelles mamans dans les commentaires ci-dessous !

Louise Mériaux

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Sources

(1) Parant O, Reme JM, Monorizies X, Déchirures obsétricales récentes, EMC (Elsevier Masson, Paris), Techniques chirurgicales – Gynécologie, 2001

(2) Beckmann MM, Garrett AJ. Antenatal perineal massage for reducing perineal trauma. Cochrane Database Syst Rev. 2006 Jan 25;(1):CD005123. doi: 10.1002/14651858.CD005123.pub2. Update in: Cochrane Database Syst Rev. 2013;4:CD005123. PMID: 16437520. Trouvée sur https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16437520/

(3) E Garcia, A Marquez Carrasco, P Aragundez Marcos, Eficacia del dispositivo Epi-np como prevencion del daño perineal del parto, 2018. Trouvée sur : https://scielo.isciii.es/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S1988-348X2018000200004

(4) https://www.functionalmove.net/blog/l-epi-no-il-faut-qu-on-en-parle/

(5) Vardon R, Reinbold D, Dreyfus M, Episiotomie et déchirures obstétricales récentes, EMC (Elsevier Masson, Paris), Techniques chirurgicales – Gynécologie, 2013.

(6) Aveline C, Bonnet F. Influence de l’anesthésie péridurale sur la durée et les modalités de l’accouchement [The effects of peridural anesthesia on duration of labor and mode of delivery]. Ann Fr Anesth Reanim. 2001 May;20(5):471-84. French. doi: 10.1016/s0750-7658(01)00398-7. PMID: 11419241. Trouvée sur https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11419241/

(7) M Jaffuel, Prévention des traumatismes périnéaux : état des lieux des connaissances et pratiques des professionnels de santé d’Auvergne, Gynécologie et obstétrique, 2013

(8) Brément S et al., Accouchement en décubitus latéral. Essai clinique randomisé comparant les positions maternelles en décubitus latéral et en décubitus dorsal lors de la phase expulsive des accouchements eutociques, Gynécologie Obstétrique & Fertilité, 2007

(9) Aasheim V, Nilsen AB, Lukasse M, Reinar LM. Perineal techniques during the second stage of labour for reducing perineal trauma. Cochrane Database Syst Rev. 2011 Dec 7;(12):CD006672. doi: 10.1002/14651858.CD006672.pub2. Update in: Cochrane Database Syst Rev. 2017 Jun 13;6:CD006672. PMID: 22161407. Trouvée sur https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22161407/

(10) Stamp G, Kruzins G, Crowther C. Perineal massage in labour and prevention of perineal trauma: randomised controlled trial. BMJ. 2001 May 26;322(7297):1277-80. doi: 10.1136/bmj.322.7297.1277. PMID: 11375230; PMCID: PMC31922. Trouvée sur https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11375230/


Avertissement : En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site de Naturelle maman ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un gynécologue, une sage-femme ou autre professionnel de la périnatalité, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.

Louise Mériaux enseigne la philosophie au lycée et est maman de deux enfants de 4 ans et 18 mois. Pendant sa deuxième grossesse, elle a beaucoup lu pour préparer son AVAC, et s'est prise de passion pour l'accouchement physiologique. Depuis, Louise milite pour un nouveau paradigme de la naissance et pour le respect du choix des femmes concernant leur enfantement.

9 Comments

  1. Nadège Reply

    1er accouchement en 5h10 dont 1h30 de poussées. Massage du périné par la s-f durant la descente du bébé. Bébé est sortie en une contraction j’ai eu 3 points. Il pesait 3kg420

    2e accoucchement, ma sage-femme mettais des compresse chaude entre les poussés. Accouchement en 2h46, 15 minutes de poussée. Bébé est sortie en 2 contractions, aucune déchirure et tenez vous bien il fesait 4kg100.

    Pour moi c’est clair que les compresses chaude ont aider. En plus sa fait tellement de bien.

  2. Estelle Reply

    Voici mon expérience : J’ai accouché à la maison et ma sage-femme a versé de l’huile d’olive vierge sur ma vulve pendant les poussées. Je me souviens encore de la merveilleuse sensation de fraicheur et de douceur quand l’huile coulait. Ça faisait un tel bien! Je ne sais pas si c’est cela, mais je n’ai jamais été déchirée.

  3. JOhAnA Reply

    Merci pour cet article très complet ! J’aimerais juste apporter une précision car je trouve que l’info manque : Je pense que c’est important de dire qu’il Vaut mieux avoir une déchirure qu’une épisiotomie.
    Pour mon 1er accouchement, j’ai eu une petite épisiotomie et j’ai du etre suturée, 3 points donc c’est assez peu, mais j’ai eu mal pendant un mois et la zone est restée sensible pendant plusieurs mois… Ce n’était pas une épisio pour le confort du personnel médical, c’était parce que mon fils était en souffrance foetale et a dû être réanimé.
    Pour mon 2ème, pas d’épisio, une petite déchirure, 3 points de suture aussi, je n’ai eu aucune douleur et on avait repris les câlins 2 semaines après l’accouchement…

  4. Sam Mama Reply

    Mes bébés pesaient 3,290 kg et 3,700 kg à la naissance et ils sont sortis sans aucun problème. C’est très important de le dire : quand la physiologie est respecté, le corps d’une femme est fait pour donner naissance à son bébé et il n’y a aucune raison qu’il soit déchiré au passage.
    Je ne sais pas si ça a fait effet mais sur les conseils de ma sage-femme j’ai pris de l’homéopathie pendant le dernier mois et je me suis massée le périnée durant un mois aussi avec une huile spécifique à la vitamine e pour l’assouplir.

  5. Genie24 Reply

    Merci pour ces conseils que j’aurais aimé lire plus tôt pendant ma grossesse. Voilà déjà 10 mois que j’ai accouché et pour ma part, je ressens toujours un certain inconfort quand je vais à la toilette ou quand je m’accroupie. Je ne sais pas à quel degré j’étais déchirée et disons que ça ne me dérange pas de la savoir. Juste d’y penser, ça me fait mal. On dirait que la peau ne s’étire plus aussi bien qu’avant. Pour ma part personne ne m’a prévenue que je pouvais préparer mon périnée avant d’accoucher pour ne pas être déchirée et maintenant que je vous lis, je ne comprends vraiment pas pourquoi. Bravo pour votre site que j’adore et lis tout le temps

  6. Noémie Reply

    J’ai accouche en juillet 2008 d’un gros bebe de 4kg250… qui est sorti super vite soit dit en passant (en une poussee j’ai sorti la tete et les epaules). J’avais pris la peridurale et je n’ai pas eu d’episiotomie. J’ai eu ce que je considère un bel accouchement rapide, dont je garde un bon souvenir. Sauf la dechirure au 3e degre qui a été tres douloureuse, mais qui a super bien guerie. Je n’en garde aucune sequelle physique et psychologique. c’est important de dire qu’il vaut mieux avoir une déchirure qu’une episio, ca cicatriste beaucoup plus vite, plusieurs sages-femmes m’ont dit ça et j’en suis convaincue aussi avec mon expérience.

  7. marianne Reply

    Moi ce sont les compresses d’eau chaude sur le périnée pendant l’accouchement qui m’ont fait beaucoup de bien et permis de ne pas avoir de déchirure du tout ! La position dans laquelle on pousse est aussi importante. Allongée sur le côté peut être une bonne option. Je sais qu’il y a de plus en plus de maternités qui acceptent cette position même avec une péridurale. Bref il y a pleins d’options, il faut juste les connaître et votre site est précieux pour ça !

  8. Nawal Reply

    Ici pas déchirée pour bb1 et déchirée niveau 1 pour bb2. J’ai pas été tenté par le massage du périnée mais j’ai fait les bains dérivatifs de France Gillain.

  9. Julie V. Reply

    merci pour cet article, je me reconnais bien dans la descruption que vous faites de la « peur panique » de la déchirure, c’est mon cas et votre article m’a fait du bien.

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